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il entretient, au contraire, l’amalgame en bon état.

Le prix élevé du sulfate de mercure a empêché la pile Marié-Davy d’être conservée pour l’usage des télégraphes, bien que l’on puisse facilement retirer le métal des éléments épuisés. Par suite du peu de solubilité du sulfate de mercure, le courant baisse rapidement, en court circuit. Enfin, ce qui n’est point le moindre défaut de cet élément, le sel de mercure est un poison violent.

Lorsque tout le sulfate dissous est consommé, il se forme un amalgame de zinc, qui devient positif en face du zinc, de sorte qu’il se produit un retournement du courant. Aussi recommande-t-on d’avoir soin que les éléments qui sont réunis en tension aient tous, autant que possible, une construction semblable, afin que l’un ne vienne pas, avant l’autre, à manquer de sulfate de mercure dissous.

La dissolution du sulfate de mercure peut être hâtée par la division du sel ; ce qui peut se faire en le mélangeant avec des morceaux de coke, comme M. Beaufils l’a fait dans l’élément sans vase poreux qui a été employé pendant longtemps par l’administration des lignes télégraphiques.


Afin de rendre cette pile facilement applicable aux appareils médicaux, MM. Trouvé, Gaiffe et Rhumkorff ont supprimé le vase poreux et se servent de la dissolution du sel de mercure comme dépolarisant et comme comburant.


M. Somzée a encore construit une pile au sulfate de mercure et charbon qui possède, sous un volume très restreint, une grande force électro-motrice, une grande constance et une très longue durée.


MM. Becquerel et Marié-Davy ont encore utilisé le sulfate de plomb comme matière dépolarisante, mais l’énorme résistance intérieure qu’offrent ces piles les a fait abandonner.




CHAPITRE VII

la pile à gaz. — travaux de grove et de becquerel. — disposition nouvelle donnée à la pile à gaz par m. albin figuier.

Pour continuer cette revue des piles voltaïques fondées sur le développement d’une action chimique, nous mentionnerons un ordre particulier de générateur d’électricité qui, pour n’avoir été encore l’objet que d’un petit nombre de recherches, n’en est pas moins intéressant. Nous voulons parler de la pile à gaz.

La pile à gaz diffère essentiellement des couples actuellement usités, en ce que l’action chimique, cause originelle du courant voltaïque, au lieu d’être provoquée par la dissolution d’un métal dans un liquide, dépend de la combinaison de deux gaz.

Elle a pour origine cette observation de Faraday :

« Lorsqu’on recueille sur un voltamètre à une seule cloche et à lame de platine l’hydrogène et l’oxygène provenant de la décomposition de l’eau, et qu’on supprime ensuite la pile excitatrice, les gaz disparaissent peu à peu. Cet effet a été attribué à l’action de contact du platine. Le phénomène est plus rapide quand on réunit extérieurement les deux lames du voltamètre. »

Grove reconnut, de son côté, que les deux gaz recueillis séparément sur un voltamètre à deux cloches disparaissaient dans les mêmes circonstances, et que cela avait lieu pour deux gaz obtenus par une voie quelconque.

Un voltamètre ainsi disposé constitue à son tour une véritable pile. Il suffit, pour le constater, de le mettre en relation avec un galvanomètre : on verra l’aiguille dévier.