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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/551

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troduction d’un grand nombre de fils dans les conduites. Tant qu’on va en ligne droite, la traction du fil s’opère sans trop de difficultés ; mais dès que la moindre courbe se présente, le fil peut se casser, par la traction, et l’on est obligé de briser les tuyaux ou de les dessouder, non sans une grande perte de temps et d’argent.

En Allemagne et en Belgique, on a adopté un système plus simple. On se borne à déposer dans le sol des câbles serrés par des fils de fer galvanisés. Ces câbles enduits de bitume et recouverts de sable sont placés dans une conduite en briques, non cimentée.

MM. Felten et Guillaume ont ainsi opéré pour la construction de nombreuses lignes dans l’Allemagne du Nord. Un simple chariot chargé de fils avance dans la tranchée, que l’on ouvre, au fur et à mesure de la pose du câble.

En Angleterre, on a essayé d’un mode d’isolement plus simple encore, qui consiste à envelopper les fils de bitume.

On prend une boîte en bois, assez solide pour ne pas se déjeter ou plier ; on en garnit le fond, on y coule une couche de bitume chaud et liquide, qu’on a mélangé avec du goudron de Stockholm, pour le rendre moins cassant.

Lorsque le bitume est refroidi, on dispose dans le fond de la boîte une première rangée de fils ; on les tend fortement, et on les empêche de se toucher, au moyen de peignes mobiles ; puis on les recouvre du mélange bitumineux maintenu assez chaud pour qu’il adhère parfaitement à la première couche déposée au fond de la boîte, mais pas assez pour qu’il fasse corps avec elle. On dispose ensuite une deuxième rangée de fils, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’on ait rempli la boîte. On peut employer des fils de fer ou de cuivre nus, ou bien des fils recouverts de gutta-percha, mais dont la gutta-percha est défectueuse.

Comme l’humidité empêche l’adhérence des différentes couches de bitume, il faut opérer par un temps sec. Si une goutte d’eau tombait dans la boîte, pendant l’opération, la chaleur du bitume la vaporiserait, et il se formerait un trou suffisant pour laisser pénétrer l’humidité du sol, et occasionner un défaut de conductibilité.

Ce système n’a pu donner de bons résultats. La difficulté de réparer les avaries qui peuvent se produire n’est pas sans grand inconvénient. Les frais de premier établissement sont, d’ailleurs, trop élevés.


Les lignes télégraphiques souterraines servent à relier les points d’atterrissement des câbles sous-marins aux stations télégraphiques terrestres. Pour relier une ligne sous-marine à une ligne souterraine terrestre, on pose le câble sous-marin, tantôt dans une tranchée, tantôt dans les égouts, selon les localités. Dans tous les cas, c’est le câble marin des grandes profondeurs qui sert à opérer la jonction.

Dans l’égout, le câble est fixé à la voûte, au moyen de crampons scellés dans la maçonnerie. Quant à la ligne souterraine qui fait suite à cette dernière, on l’enfouit, à un mètre de profondeur, dans le sol, et on l’encaisse dans des tuyaux à poterie rendus étanches au moyen de ciment de Portland.

C’est ainsi que l’on opéra pour raccorder le câble sous-marin de la Méditerranée à la ligne souterraine de Marseille. Le sol où ces lignes ont été disposées (le Prado) présente des conditions d’humidité qui sont particulièrement favorables à la bonne conservation des câbles. Dans d’autres stations de l’Eastern Telegraph Company, à Aden, par exemple, il a été nécessaire, à cause de la sécheresse du sol parcouru par la ligne souterraine, de l’encaisser dans des tuyaux en fonte étanches, que l’on maintient constamment remplis d’eau.

On utilise également les conducteurs isolés au moyen de la gutta-percha, et