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enveloppait la gutta-percha était souvent endommagée par les coups de pioche des terrassiers. Aujourd’hui, ce sont de véritables câbles, peu différents des câbles sous-marins, qui servent de conducteurs à la télégraphie souterraine.

Ces câbles sont enfermés dans des tuyaux de fonte. On les enfouit le plus souvent le long de la voie des chemins de fer ; ce qui est la route la plus sûre et la plus avantageuse. En effet, les travaux sur ces voies sont faciles et moins onéreux qu’en pleine campagne, vu la commodité et la rapidité des transports que procurent les trucs des chemins de fer, que l’on peut y faire circuler, avec des ouvriers.

Les câbles souterrains sont à un, trois, quatre et sept fils, suivant les circonstances. Les câbles à sept fils sont relativement les moins chers, parce qu’ils exigent moins de matériaux pour la protection extérieure, et on les pose avec aussi peu de frais que les câbles à un seul fil.

L’âme, ou le fil central du câble, est un fil de cuivre, de 1mm,25 de diamètre, qu’on recouvre d’une gaine de gutta-percha ; le conducteur prend ainsi un diamètre de 4mm,35. Il est ensuite entouré d’un fort ruban de coton tanné et trempé dans un bain de bon goudron de Stockholm. Le goudron diminue l’isolement du fil, mais il a l’avantage de conserver la gutta-percha.

Les fils de cuivre, recouverts de rubans goudronnés, sont étendus côte à côte, et attachés, de distance en distance, avec du fil de chanvre, de manière à former un câble. On coupe les attaches, au fur et à mesure de l’introduction du câble dans les tuyaux. Il ne faut pas, comme on l’a fait quelquefois, recouvrir le câble entier d’une enveloppe de toile de chanvre ; si la toile venait à pourrir ou à se déchirer en certains points, la partie défectueuse pourrait endommager le câble ou engorger le tuyau.

Pendant la pose, il faut vérifier avec soin l’isolement et la conductibilité du fil par les méthodes connues.

Dans le parcours des villes, on place sous les trottoirs des rues un tuyau de fonte assez gros pour qu’on puisse y établir tous les fils dont on aura vraisemblablement besoin.

C’est ce que l’on voit dans le dessin pittoresque que nous donnons (fig. 443, page 549) de la pose d’une ligne de télégraphie souterraine, à la place du Trône, à Paris.

Sur le premier plan, à gauche, des ouvriers introduisent dans la tranchée une chambre de fonte d’un diamètre beaucoup plus grand que les conduites, et qui forme la tête de ligne. Sur le second plan, des ouvriers se disposent à manœuvrer une pompe à air, destinée à refouler et à comprimer de l’air dans toute la conduite intérieure pour s’assurer de sa complète herméticité. Les autres ouvriers, au fond et sur le premier plan, apprêtent les conduites.

On peut introduire soixante-seize fils dans un tuyau de 0m,076 de diamètre intérieur, et cent vingt fils dans un tuyau de 0m,10. On a le soin de goudronner à chaud l’intérieur du tuyau, pour empêcher la formation de la rouille, qui ferait adhérer les fils au métal assez fortement pour qu’il soit difficile de les détacher.

Des regards placés au ras de la surface du pavé, et qui ont 0m,76 de longueur sur 0m,28 de largeur et 0m,30 de profondeur, encastrés dans une dalle en pierre, sont disposés, de 100 mètres en 100 mètres, lorsque la ligne est droite, et plus près les uns des autres dans les courbes. Les tuyaux sont soudés les uns aux autres, comme les conduites d’eau, à la soudure de plomb, pour éviter l’introduction des gaz ou des liquides. Il faut éviter le voisinage de tuyaux livrant passage à de la vapeur chaude ou à de l’air chaud.


Le système que nous venons de décrire, et qui est en usage en France et en Angleterre, a l’inconvénient d’empêcher l’in-