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mentionner ici les diverses dispositions pratiques qu’on lui donne aujourd’hui, pour le service de la télégraphie.

On sait que la pile de Daniell consiste en un cylindre de zinc amalgamé, à l’intérieur duquel est placé un vase en terre poreux, de même forme, qui contient lui-même une plaque de cuivre. Le cylindre est baigné dans l’acide sulfurique étendu d’eau, et le cuivre dans une dissolution de sulfate de cuivre.

Dès que la communication est établie entre les deux métaux, le zinc est attaqué par l’acide. L’eau est décomposée, et il se forme de l’oxyde de zinc, que l’acide dissout, en donnant naissance à du sulfate de zinc. L’hydrogène se porte sur le cuivre ; mais au lieu de s’attacher à sa surface et de le polariser, il décompose une partie du sulfate de cuivre sur la plaque de ce métal, et la maintient ainsi nette et luisante.

L’acide du sulfate de cuivre, ainsi mis en liberté, se porte sur le zinc, et forme du sulfate de zinc. L’acide placé primitivement dans le vase de zinc, n’a pas d’autre utilité que de rendre meilleur conducteur le liquide qui entoure le zinc.

Dans la pile de Daniell, il se forme donc du sulfate de zinc dans le vase de zinc, tandis que du sulfate de cuivre disparaît dans le vase de cuivre. Le volume du zinc diminue continuellement, tandis que celui du cuivre augmente.

Lorsque tout le sulfate de cuivre est décomposé, l’action cesse ; de là la nécessité d’ajouter continuellement du sulfate de cuivre. On place ce sel dans le fond du vase.

On compose une pile de Daniell d’une manière très économique, avec deux vases, l’un de verre, l’autre de terre, que l’on trouve dans le commerce, et qui se remplacent facilement, s’ils sont détruits.

Lorsque l’eau est saturée de sulfate de zinc, le sulfate cristallise sur le métal, et arrête l’activité de la pile. De là la nécessité d’enlever une partie de la dissolution, et de la remplacer par de l’eau. Les cristaux de sulfate de cuivre que l’on place dans le vase poreux doivent avoir la grosseur d’une noisette ; réduits en poudre, ils formeraient une masse compacte, peu soluble.

Le vase de terre contenant le zinc et l’acide sulfurique doit être beaucoup plus grand que le vase poreux ; et le vase poreux doit être un peu plus haut que le vase de verre, pour que la dissolution de sulfate de zinc ne puisse pas s’y introduire. Il est bon d’enduire le vase poreux avec du suif ou de la paraffine.

Les tiges de cuivre destinées à faire communiquer les couples entre eux, ainsi que les rivets qui relient tous les fils conducteurs, doivent être parfaitement décapés ; l’extrémité du conducteur qui se rattache au zinc doit être soudée avec de la soudure d’étain, pour assurer un bon contact.

La pile de Daniell n’est pas très puissante, mais elle a l’avantage de donner un courant constant, de se maintenir longtemps en état de bon fonctionnement et de n’émettre aucun gaz.


M. Callaud a modifié la pile de Daniell pour son application au service des télégraphes, en supprimant le vase poreux. Nous n’avons rien à ajouter à la description et à la figure que nous avons données de la pile Callaud, dans le Supplément à la pile de Volta, qui fait partie de ce volume [1].

Comme nous le disions plus haut, la pile Callaud est la seule employée dans les administrations télégraphiques françaises. Au siège de cette administration, c’est-à-dire à la direction générale des télégraphes, située rue de Grenelle, il existe une immense salle, dite des dix mille éléments, où dix mille éléments de la pile Callaud sont, en effet, réunis, pour desservir les fils de tout

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