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Passionné pour les sciences physiques et naturelles, M. Graham Bell, tout en instruisant ses jeunes élèves, étudiait le mécanisme de la parole, et poursuivait les travaux de son père, Alexandre Melvill Bell, sur un système nouveau de phonographie, et sur la reproduction des sons de la voix humaine.

On raconte qu’il s’appliqua à faire parler une jeune sourde-muette, sa pupille, et qu’il y parvint, après deux mois d’enseignement. Il songeait déjà, à cette époque, au téléphone, et comme le nom seul de cette invention future excitait de l’incrédulité parmi ses amis, il dit, un jour, à ceux qui l’entouraient : « J’ai fait parler des sourds-muets ; je ferai parler le fer. »

Ne possédant, toutefois, que quelques notions de physique élémentaire, et comprenant que pour atteindre le but qu’il se proposait, il devait se familiariser avec cette science, M. Graham Bell demanda des leçons au professeur J. Hellis, et au savant docteur Clarence Blake. M. Hellis, auquel il avait fait part de ses recherches, et du moyen qu’il employait pour déterminer la hauteur des sons, à l’aide d’un diapason, encouragea le jeune observateur, et le mit au courant des expériences de ce genre faites avant lui par le physicien allemand Helmholtz.

C’est grâce aux leçons de ces deux maîtres que M. Graham Bell fut mis au courant des travaux que les physiciens avaient déjà entrepris dans cette direction et des résultats qu’ils avaient obtenus.

Helmholtz était parvenu à reproduire, au moyen de diapasons de différentes hauteurs, mis en rapport avec un électro-aimant, non seulement les sons musicaux, mais encore les sons articulés de la voix. D’un autre côté, Page, Auguste de la Rive et Philippe Reis, avaient fait, sur la transmission des sons, différentes recherches, dont sut profiter le jeune chercheur.

Résumons ces premiers travaux, qui furent les avant-coureurs de ceux de M. Graham Bell.


En 1837, le physicien américain Page avait reconnu que si un électro-aimant est soumis à des aimantations et à des désaimantations très rapides, les vibrations transmises à l’atmosphère par le barreau aimanté émettent des sons, qui se trouvent être en rapport avec le nombre des émissions et interruptions du courant qui les provoque. C’est ce que Page appelait la musique galvanique.

De 1847 à 1852, Mac Gauley, Wagner, Heef, Froment et Pétrina, combinèrent des vibrateurs électriques, qui transportaient fort nettement les sons musicaux à distance. Toutefois, jusqu’en 1854, personne n’avait encore entrevu la possibilité de transmettre la parole, lorsqu’un simple employé des lignes télégraphiques françaises, Charles Bourseul, à la stupéfaction des savants, qui considéraient cette idée comme un rêve, publia une Note dans laquelle il laissait entrevoir le moyen de transmettre au loin la voix humaine.

Ce n’était là sans doute qu’un aperçu théorique ; mais il est à regretter que Charles Bourseul n’ait pas été mieux encouragé, car notre ingénieux compatriote aurait peut-être créé le téléphone s’il avait pu construire l’appareil qu’il méditait de réaliser.

C’est un physicien allemand, Philippe Reis, qui, en 1860, construisit le premier téléphone, fondé, quant à la reproduction des sons, sur les effets découverts par le physicien Page en 1837, et pour leur transmission électrique, sur le système des membranes vibrantes qui avait été utilisé dès 1855, par Léon Scott, dans son phonautographe.

Philippe Reis, né le 7 janvier 1834, à Gelmhausen (principauté de Cassel), était,