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dont nous ne ressentions pas le besoin au même degré.

Mais nos relations commerciales et politiques avec l’Extrême-Orient, s’étant augmentées, par suite des conquêtes du Tonkin et de l’Annam, il a fallu songer à étendre nos lignes de télégraphie sous-marine, et à construire des câbles en nous passant des fabriques anglaises.

À la Seyne, près Toulon, on fabrique aujourd’hui les câbles les plus compliqués, avec cette perfection qui caractérise notre industrie ; et l’État paraît disposé à prendre sous sa direction cette intéressante manufacture.

La machine nécessaire à l’établissement des câbles, est, au fond, très simple. Il faut, toutefois, bien se pénétrer de ce fait, que le plus petit défaut dans la fabrication d’un câble océanien, peut devenir funeste par la suite, lorsque le conducteur, noyé dans les grands fonds, ou sur les roches à fleur d’eau, sera en butte aux attaques des nombreux agents destructeurs qui le menacent.

Dans notre Notice des Merveilles de la science, sur le Télégraphe sous-marin et le câble atlantique, nous avons donné la description de la manière dont on procède pour fabriquer les câbles destinés à être immergés sous les eaux profondes des mers [1]. Les procédés de fabrication que nous avons décrits dans ce chapitre, sont restés les mêmes, ou n’ont subi que des perfectionnements de détails, dans lesquels il serait superflu d’entrer.

Nous n’avons donc pas à recommencer la description, ni à donner de nouveaux dessins de la fabrication des câbles. Nous nous bornerons, pour la clarté de ce qui va suivre, à résumer les opérations successives de cette fabrication.

Un câble, nous le savons, se compose de trois parties principales :

1o L’âme conductrice ;

2o L’enveloppe du fil, destinée à l’isoler électriquement ;

3o L’enveloppe générale, qui protège cette dernière.

L’âme du câble, c’est-à-dire le conducteur électrique, est formée d’un faisceau de fils de cuivre. La conductibilité du cuivre étant liée à la pureté du métal, il faut choisir le cuivre le plus pur. La vitesse de transmission est, en effet, directement proportionnelle à la conductibilité du fil.

L’enveloppe isolante résulte de la superposition de plusieurs couches de gutta-percha, qui enserrent l’âme, et qui l’isolent, tout à la fois électriquement et mécaniquement, du contact de l’eau.

La troisième enveloppe, dont la force doit s’accroître selon sa destination côtière ou d’eau profonde, est ordinairement formée d’un groupage rigide en fils de fer, serrés autour de l’enveloppe isolante, dont ils empêchent la désagrégation. On comprend, sans qu’il soit nécessaire d’insister davantage, que l’épaisseur de cette gaine protectrice, ainsi que le diamètre des fils qui la composent, doivent être d’autant plus considérables que le câble doit subir des frottements, des chocs, des tractions plus grands, surtout près des côtes ou sur les récifs à fleur d’eau.

L’âme du câble, ordinairement formée de 7 fils de cuivre tordus ensemble, se fabrique avec une très grande rapidité, par la rotation d’une table ronde, garnie d’autant de bobines qu’il doit y avoir de fils autour de l’âme. Nous avons donné, dans les Merveilles de la science le dessin de cette table, qui tourne autour d’un axe horizontal. Le toron de cuivre, à mesure qu’il est produit par la rotation de la table, est entraîné, d’un mouvement continu, autour d’un tambour, qu’actionne la même machine à vapeur.

La conductibilité électrique étant proportionnelle au diamètre du conducteur,

  1. Tome II, pages 234-238.