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en vertu duquel le gouvernement concédait à la compagnie les mêmes avantages qui lui étaient faits en Angleterre, ce bill fut rejeté. Il fut adopté, il est vrai, l’année suivante, mais à la majorité d’une voix seulement.

La question financière ainsi résolue, les directeurs de l’entreprise purent se mettre à l’œuvre.


CHAPITRE IX

fabrication du câble transatlantique en angleterre en 1857. — première tentative d’immersion du câble entre valentia et terre-neuve en 1857. — deuxième tentative en 1858.

Le trajet entre l’Irlande et l’île de Terre-Neuve ayant été définitivement adopté, il restait à fixer le point de départ de la ligne sur chacun des deux rivages d’Amérique et d’Europe. Il fut arrêté que la ligne partirait de Valentia, sur la côte ouest de l’Irlande, pour aboutir à Saint-Jean (Terre-Neuve). La longueur totale de la distance qui sépare ces deux points, mesurée en droite ligne, c’est-à-dire, sur le méridien qui passe par ces deux points, est de 3 100 kilomètres (775 lieues de 4 kilomètres).

Pour parer à toutes les déviations de route auxquelles on devait s’attendre pendant la pose du conducteur télégraphique, il fut décidé que sa longueur totale serait de 4 100 kilomètres.

La fabrication du câble fut commencée en février 1857, et terminée au mois de juillet de la même année. Nous entrerons dans quelques détails sur sa construction.

Une seule fabrique n’aurait pu parvenir à exécuter dans le temps voulu, un câble télégraphique d’une pareille étendue. La construction en fut donc partagée entre l’usine de MM. Glass et Elliott, à Greenwich, et celle de MM. Newall, à Birkenhead. La première devait fabriquer l’âme du câble, c’est-à-dire le fil intérieur enveloppé de gutta-percha ; la seconde devait exécuter et appliquer l’armature extérieure. Ces deux manufactures s’engagèrent à fournir, pour le mois de juillet 1857, à raison de 630 francs par kilomètre, les 4 100 kilomètres de câble électrique, qui devaient former la longueur totale.

Quant à la composition qu’il fallait donner au câble, elle fut très-longuement étudiée. Soixante-deux échantillons différents furent proposés. Celui qui fut accepté, et dont nous allons parler, pesait 632 kilogrammes par kilomètre.

Le câble transatlantique ne présentait ni l’énorme volume, ni la résistance que l’on avait cru devoir donner à ceux qui unissent l’Angleterre à la France ou à la Hollande. En raison du peu de profondeur de la Manche, on avait été obligé, pour relier électriquement ces rivages, de construire un câble épais et solide, capable de résister aux ancres des navires qui pourraient le rencontrer, et aux courants capables de le déranger. Mais, construits de cette manière, les conducteurs télégraphiques sont d’un poids énorme et d’une assez grande rigidité. Il aurait été impossible, dans ces conditions, de transporter au milieu de l’Océan et de dérouler avec facilité, un câble d’une immense étendue. D’ailleurs, une fois les côtes franchies, le câble transatlantique n’a plus besoin d’être protégé contre les accidents par sa force et son épaisseur. Reposant à de grandes profondeurs dans l’Océan, il doit y demeurer à l’abri du choc des ancres et de l’agitation des eaux.

Le fil conducteur du câble transatlantique était donc unique. Seulement, pour qu’il pût s’étendre sans se rompre, il était composé de sept fils, de 0mm,7 de diamètre chacun, entrelacés de manière à former un seul cordon métallique de 1mm,9 de diamètre, pesant 26 kilogrammes par kilomètre.

À mesure qu’une certaine quantité du toron était fabriquée, on procédait aux expé-