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que 7 kilogrammètres, 5. Avec une relève de deux hommes, chacun d’eux pourra travailler une heure, se reposer une demi-heure, et ainsi de suite, pendant les dix heures du voyage. »


Le ballon était pourvu d’un gouvernail placé à l’arrière, afin de pouvoir s’orienter.

Le gaz adopté n’était pas l’hydrogène, mais simplement le gaz d’éclairage.


« Un appareil de ce genre, disait Dupuy de Lôme, ne permettra d’avancer vent debout, ou de suivre par rapport à cette surface toutes les directions désirées, que quand le vent n’aura qu’une vitesse au-dessous de 8 kilomètres à l’heure. Cela ne sera sans doute pas très fréquent, car cette vitesse n’est que celle d’un vent qualifié brise légère. Quoi qu’il en soit, cet aérostat ayant une vitesse propre de 8 kilomètres à l’heure, lorsqu’il sera emporté par un vent plus rapide, aura la faculté de suivre à volonté toute route comprise dans un angle résultant de la composante des deux vitesses. »


Il y avait en tout cela peu d’innovations. L’aérostat adopté par Dupuy de Lôme différait peu de celui qui avait été expérimenté, en 1852, par Giffard.

Nous avons représenté dans le tome II des Merveilles de la science[1] l’aérostat dirigeable de Giffard, par deux dessins qui ont été reproduits, depuis cette époque, dans un grand nombre d’ouvrages scientifiques. On trouve dans ces dessins, que nous tenions de Giffard lui-même, la figure exacte de la machine à vapeur et de son installation au-dessous de l’aérostat. Seulement Giffard avait osé emporter au sein des airs une machine à vapeur, tandis que Dupuy de Lôme craignant, non sans raison d’ailleurs, la présence d’un foyer dans le voisinage d’un gaz inflammable, s’était contenté de la force des hommes.

Il est probable que l’appareil de Dupuy de Lôme, ne disposant que de la force humaine, serait resté insuffisant pour réaliser la direction, s’il avait eu à lutter contre la plus faible brise. Dans tous les cas, on n’eut pas à s’en assurer pendant le siège, car les travaux pour la construction de l’aérostat ayant traîné en longueur, la guerre se termina avant que l’appareil de Dupy de Lôme pût s’élancer dans les airs, et montrer sa valeur.

Après la guerre, Dupuy de Lôme continua ses études sur son aérostat dirigeable. Il en fit l’expérience définitive, le 2 février 1871, après l’armistice. Les Comptes rendus de l’Académie des sciences ont publié, en 1872, la description de son appareil, accompagnée de dessins, qui vont nous permettre de donner une idée exacte de la conception pratique de Dupuy de Lôme.

C’est le 2 février 1871 que Dupuy de Lôme fit l’expérience définitive de son aérostat dirigeable, qui avait été construit dans une cour du fort de Vincennes.

La forme de ce ballon, comme le montre la figure 511, est celle d’un œuf ou d’un ellipsoïde allongé. Sa longueur est de 36 mètres, son plus grand diamètre de 14 mètres, et son volume de 3 450 mètres. Il est porteur d’une nacelle de 6 mètres de long, et de 3 mètres de large, au maximum. Cette nacelle est munie d’une hélice à deux pas seulement ; le diamètre de cette hélice est de 9 mètres et son pas de 2 mètres. Pour prévenir les déformations du ballon qui amèneraient une application défavorable de la poussée de l’air, on maintient son volume invariable en plaçant à son intérieur, comme l’avait fait Meunier, dès l’année 1786, un petit ballon, ou ballonnet, que l’on pouvait gonfler à volonté en injectant de l’air dans sa capacité, au moyen d’une pompe à air.

L’aérostat est entouré de deux filets : le filet porteur de la nacelle, et le filet dit des balancines, qui a pour but de maintenir la stabilité constante de la nacelle, quelle que soit l’inclinaison que le vent imprime à l’aérostat, ou du moins si cette inclinaison

  1. Pages 596, 597, figures 326, 328.