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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 5.djvu/659

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ne dépasse pas 20°, ce qui n’est pas à prévoir.

L’hydrogène pur, et non le gaz d’éclairage, fut employé dans cette expérience, pour remplir le ballon ; ce qui lui donnait une puissance ascensionnelle considérable, sans exiger un grand volume. Le gaz hydrogène avait été obtenu par l’action de l’acide sulfurique étendu sur la tournure de fer.

L’étoffe du ballon était composée d’une double enveloppe de soie blanche, pesant 52 grammes par mètre carré, et d’une toile doublée de caoutchouc ; le tout revêtu, intérieurement et extérieurement, d’un enduit de glycérine et de caoutchouc, qui assurait la complète imperméabilité de l’enveloppe à l’air, et prévenait, autant qu’on pouvait l’espérer avec un gaz aussi subtil, la perte de l’hydrogène à travers l’étoffe.

Le moteur employé pour faire agir l’hélice était, avons-nous dit, la force humaine.

Le ballon s’élança, par un vent assez fort. Quatorze personnes le montaient : Dupuy de Lôme ; M. Yon, expert en aérostation ; M. Zédé, capitaine de frégate ; plus trois aides et huit hommes d’équipage, employés à faire mouvoir l’hélice.

Le poids total du ballon et de son chargement, y compris les quatorze passagers et 600 kilogrammes de lest, était de 3 800 kilogrammes.

Le but de l’ascension, c’était de s’assurer si l’aérostat obéirait à l’action de l’hélice et du gouvernail, dans le sens voulu et prévu.

Voici, d’après le mémoire de l’auteur, ce qui fut obtenu. Dès que l’hélice était mise en mouvement, l’influence du gouvernail se faisait sentir, et l’aérostat suivait une direction qui, calculée sur la direction du vent, prouvait que le ballon avait un mouvement propre. La vitesse de ce mouvement propre aurait été, selon Dupuy de Lôme, de 10 kilomètres par heure, c’est-à-dire à peine le double de la marche d’un homme à pied, vitesse bien médiocre, on le voit.

Au moment du départ, le vent, avons-nous dit, était assez fort ; mais, en imprimant à l’hélice un mouvement rapide (35 tours par minute), on réalisa une vitesse de 50 kilomètres à l’heure, dans le sens du vent, mais avec une déviation de 10° à 12° sur la direction que lui aurait imprimée la simple impulsion de l’air. En louvoyant ainsi, il serait possible, selon Dupuy de Lôme, de marcher dans un sens déterminé. Nous ne voyons pas cependant que, dans l’expérience du 2 février, l’aérostat ait pris la direction qu’il s’était flatté de suivre. La route qu’il a tenue était tout autre que celle que l’on attendait.

Si donc cette expérience a prouvé que l’aérostat de Dupuy de Lôme obéit à l’hélice et au gouvernail, elle n’a point établi que sa vitesse propre, c’est-à-dire dans le sens de la direction voulue, ait quelque importance.

On pouvait, à l’aide d’un moyen fort simple, décrit par l’auteur dans son mémoire, déterminer la vitesse de l’aérostat, et reconnaître la route suivie. Une boussole fixée dans la nacelle, et ayant sa ligne de foi parallèle à l’axe du ballon, jointe à une seconde boussole, portant sur l’une de ses faces latérales une planchette parallèle au plan vertical passant par la ligne de foi, servait à déterminer la route suivie sur la terre. On lisait directement la hauteur occupée dans l’atmosphère, au moyen d’un baromètre qui, au lieu des indications de la longueur de la colonne mercurielle, indiquait les hauteurs réelles dans l’air, calculées par avance, pour chaque millimètre de la colonne barométrique.

Les moyens employés pour reconnaître la route étaient tellement sûrs que, lorsque l’ordre de s’arrêter fut donné, M. Zédé, qui inscrivait la marche, put indiquer le nom du village sur lequel on se trouvait : Mondécour.

La descente se fit avec une facilité