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conclusion ; mais nous remarquerons simplement que, malgré ses dimensions moindres, le ballon Tissandier a pu fournir une course bien plus longue que celui du capitaine Renard.

Une différence également fort importante à signaler, la plus importante sans doute, réside dans la nacelle. Comme on sait, dans le ballon Renard elle est beaucoup plus allongée. Dans le ballon Tissandier elle est plus étroite ; elle contribue ainsi, en maintenant plus aisément le centre de gravité au milieu de l’appareil, à lui donner plus de fixité.

La nacelle Tissandier est une sorte de cage. Elle est faite de bambous assemblés avec des cordes et des fils de cuivre recouverts de gutta-percha. Les cordes de suspension l’enveloppent entièrement. On a eu la précaution d’entourer ces cordes d’une gaine de caoutchouc qui doit les préserver, en cas d’accident, du contact du liquide acide des piles. Enfin, elles sont reliées horizontalement entre elles par une couronne de cordages située à 2 mètres au-dessus de la nacelle, et à laquelle sont attachés les engins d’arrêt.

Fig. 520. — M. Albert Tissandier.

Il nous reste à parler, pour terminer ce compte rendu, du moteur, la plus importante partie du système.

Ce moteur se compose (fig. 518) :

1o D’un propulseur à deux palettes hélicoïdes ;

2o D’une machine dynamo-électrique Siemens ;

3o D’une batterie de piles électriques au bichromate de potasse.

Sans entrer dans les détails de la batterie, nous dirons simplement que celle-ci est aménagée de telle sorte que les piles ne communiquent entre elles que par des conduits étroits et que l’opérateur peut à son gré faire fonctionner la quantité qu’il lui plaît et régler ainsi la force qu’il désire obtenir.

Quant à l’hélice en acier, elle ne pèse que 7 kilogrammes.

Nous ne voulons pas fatiguer l’attention de nos lecteurs en entrant dans des détails techniques forcément un peu arides. Mais ne sont-ils pas frappés comme nous du soin apporté à la construction de ce remarquable aérostat ? Est-ce à dire qu’il est parfait ? Non, de l’aveu même de son auteur.

J’ai eu l’honneur de voir et d’entretenir les deux inventeurs qui se partagent en ce moment l’attention publique. Je dois dire que M. Tissandier est moins affirmatif que M. Renard en ce qui concerne la solution du grand problème.

Tandis que M. Renard assurait avec autorité que la direction des ballons était maintenant chose certaine, M. Tissandier s’est borné plus modestement à dire que nous sommes entrés dans une période d’essais fructueux sans doute, mais pas encore définitifs. Et cependant, nous le faisons remarquer plus haut, les expériences de M. Tissandier sont antérieures à celles de Meudon. »


Pour terminer l’histoire de la campagne aérostatique de 1884, nous dirons que les capitaines Renard et Krebs prirent, le 8 novembre 1884, une revanche de leur échec du 12 septembre.

Nous avons dit que, le 12 septembre, le ballon de Chalais avait exécuté une ascension peu réussie. Aussi le public, d’abord enthousiasmé, n’avait-il pas tardé à revenir sur sa première impression. L’admiration de la première heure avait fait place au doute. Mais il ne fallait attribuer l’insuccès de l’essai du 12 septembre qu’à un accident de machine, qui avait mis momentanément l’appareil hors de service. Cet accident n’enlevait rien à la valeur du système.

L’expérience du 8 novembre le prouva.

Vers midi, l’aérostat dirigeable de Chalais-Meudon s’élevait lentement au-dessus de la pelouse des départs. Arrivé à la hauteur des plateaux, le ballon commença à se mouvoir, sous l’influence de son hélice, dont la vitesse s’accéléra peu à peu. Après