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un premier virage, l’aérostat se dirigea en droite ligne vers le viaduc de Meudon, qu’il franchit bientôt. Une légère brise du nord-ouest lui fit traverser la Seine, en aval du pont de Billancourt. Il s’engagea sur la rive droite, pendant quelques minutes encore, dans la direction de Longchamp, et s’arrêta brusquement à 500 ou 600 mètres du fleuve.

Les aéronautes s’abandonnèrent alors au courant aérien, probablement pour mesurer sa vitesse. Après 5 minutes d’arrêt, l’hélice fut remise en mouvement : le ballon décrivit un demi-cercle, et se dirigea vers son point de départ avec une rectitude parfaite.

Il traversa Meudon assez rapidement, et après 45 minutes de voyage, descendit dans la pelouse de départ, sans difficulté apparente.

Après deux heures de repos, les aéronautes montaient une deuxième fois dans leur nacelle, et exécutaient, dans les environs de Chalais, de nouvelles évolutions. Le brouillard qui s’élevait alors les empêcha sans doute de s’éloigner davantage. D’ailleurs, les aéronautes avaient probablement pour but d’étudier les propriétés de leur appareil, en le soumettant à des épreuves diverses, car on vit successivement l’aérostat évoluer à droite et à gauche, s’arrêter, repartir, et finalement atterrir encore une fois dans la pelouse d’où il s’était élevé.

Les quelques personnes qui assistèrent à ce voyage aérien furent particulièrement frappées de la précision avec laquelle l’aérostat dirigeable obéissait à l’action de son gouvernail et se maintenait dans une direction rectiligne.


En 1885, les aéronautes de Meudon continuèrent de s’occuper d’expériences sur la direction des ballons.

Le mardi 25 août, le capitaine Renard, aidé de son frère, exécuta un nouveau voyage, avec son aérostat dirigeable.

L’ascension eut lieu par un vent assez vif ; ce qui n’empêcha pas l’aérostat de résister au vent, en accomplissant des manœuvres qui réussirent complètement. La descente se fit à l’endroit désigné d’avance, dans l’enclos de la ferme de Villacoublay, près du Petit-Bicêtre.

Le mardi 22 septembre 1885, à 4 heures, le même aérostat, monté par les capitaines Paul et Charles Renard, et par M. Duté-Poitevin, aéronaute civil attaché à l’établissement de Chalais, s’élevait au-dessus du bois de Meudon, évoluait pendant quelques instants, et changeait de direction, au gré de ses conducteurs ; puis, vers 4 heures et demie, mettant le cap sur le nord, il arrivait rapidement au-dessus de la gare de Meudon. Poursuivant ensuite sa route, le ballon passait au-dessus de la Seine, à la hauteur de l’île de Billancourt, et s’arrêtait au Point-du-Jour. À ce moment, les personnes qui descendaient la Seine sur un bateau-hirondelle aperçurent les navigateurs aériens, et les saluèrent de leurs joyeuses acclamations.

Depuis l’ascension précédente, les aéronautes de Meudon avaient réalisé certains progrès. Ils n’avaient plus l’air d’ébranler à grand’peine une machine inerte. Dès que l’hélice était mise en mouvement, l’aérostat fendait les airs, avec précision et rapidité.

À plusieurs reprises, les aéronautes jetèrent du lest ; au lieu de tomber verticalement sur le sol, ce lest formait dans l’espace une longue traînée horizontale. C’est qu’au lieu de s’élever purement et simplement, comme les ballons ordinaires, l’aérostat de MM. Renard avançait en même temps dans la direction qu’ils avaient choisie à l’avance.

Un petit ballon de quelques décimètres de diamètre, abandonné au moment où l’aérostat dirigeable passait au-dessus de la Seine, fut promptement dépassé par les voyageurs aériens.