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globes aérostatiques, en considérant successivement le parti qu’on en a tiré pour les recherches concernant la météorologie et la physique du globe. Nous avons également traité, avec quelque étendue, de l’emploi des ballons à la guerre, et dit le rôle que les ballons ont joué dans quelques opérations militaires, depuis notre première république jusqu’en 1870. Pour la première de ces deux questions, c’est-à-dire l’application des aérostats aux recherches scientifiques, nous n’aurions que peu de chose à ajouter à ce que nous en avons dit dans les Merveilles de la science, l’étude scientifique de l’air n’ayant donné, depuis 1870 jusqu’à ce jour, aucun résultat appréciable. Mais il en a été autrement de l’emploi des aérostats dans les armées. Un grand nombre de travaux, plus ou moins efficaces, ont été exécutés dans ces dernières années, en différents pays, pour créer l’aérostation militaire, et nous allons faire connaître l’état présent de cet art nouveau chez quelques nations de l’Europe.


En France, les aérostats avaient rendu de tels services, pendant le siège de Paris, que, la guerre terminée, l’attention resta attachée à cet utile auxiliaire d’une campagne, et que l’on s’empressa de rendre définitives, pendant la paix, les études commencées pendant la guerre.

Il restait des opérations du siège de Paris quelques aérostats, ainsi qu’une commission scientifique d’études spéciales, fondée par le colonel Laussedat, directeur du Conservatoire des arts et métiers. On rassembla les ballons épars dans quelques gares de chemin de fer ou dans les dépendances du fort de Vincennes, et en 1872, le gouvernement créa, dans le bois de Meudon, au lieu dit Meudon-Chalais, un établissement analogue à l’École aérostatique qui, au temps de la première république, avait fourni les compagnies d’aérostiers militaires, sous la direction de Coutelle et de Conté. L’école aérostatique de Meudon avait été, nous l’avons dit dans les Merveilles de la science, fermée par l’ordre du premier consul Bonaparte, à son retour d’Égypte. Pour mieux marquer, sans doute, la différence des temps et des idées, cette même école de Meudon fut réouverte, et restaurée avec un certain apparat. Elle fut pourvue des meilleurs instruments et des outils les plus perfectionnés, et on mit à sa tête deux officiers d’une aptitude spéciale reconnue dans l’armée, les capitaines Renard et Krebs.

En même temps, l’industrie privée s’organisait, à Paris, pour fournir le matériel militaire aérostatique aux nations étrangères ; car l’aérostation militaire est maintenant une institution reconnue partout d’utilité publique. Aux forces de terre et de mer on veut ajouter les forces aériennes. En Allemagne, comme en Angleterre, en Italie et en Russie, les gouvernements demandent annuellement des fonds pour l’organisation régulière de l’aérostation militaire.

Parmi les travaux que l’on exécute chez les différentes nations, dans les parcs aérostatiques militaires, il faut citer :

1o La levée des plans en ballon, grâce à la photographie ;

2o La construction de ballons captifs, destinés à recevoir les observateurs qui, du haut des airs, renseignent les chefs de corps sur l’état des forces ennemies, les retranchements des places fortes, la situation des villes assiégées, etc. ;

3o La recherche de la direction aérostatique.

La levée des plans en ballons s’exécute aujourd’hui avec la plus grande facilité. Nous renvoyons à la Notice sur la photographie, qui fera partie du second volume de ce Supplément, l’indication des résultats obtenus, dans ces derniers temps, par les