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aéronautes civils et militaires, avec le concours des photographes. Nous dirons alors comment on peut sans peine rapporter d’une ascension aérostatique des vues d’une ville ou d’une fortification.

La direction des ballons est aujourd’hui partout à l’étude, mais elle n’a encore été réalisée nulle part, ainsi qu’on l’a vu dans les chapitres précédents de cette Notice.

La fabrication et l’emploi des ballons captifs destinés à suivre la marche et les opérations des armées sont l’objet essentiel, fondamental, des travaux qui s’exécutent dans les parcs militaires des différentes nations. C’est ce sujet que nous allons particulièrement étudier.

L’emploi des ballons captifs dans les armées embrasse les opérations suivantes, que nous passerons successivement en revue :

1o Fabrication du gaz hydrogène en grand ;

2o Construction du matériel destiné à transporter les aérostats en campagne ;

3o Construction de l’aérostat lui-même.




CHAPITRE X

production de l’hydrogène en grand, au parc de meudon-chalais, avec les appareils du commandant renard. — l’appareil tissandier. — l’appareil lachambre. — l’appareil yon. — transport des ballons militaires. — la voiture-treuil de l’école de meudon-chalais. — la voiture-treuil de m. lachambre et de m. yon. — la compression du gaz hydrogène et son transport en campagne, dans des tubes d’acier, procédé imaginé par les aérostiers militaires anglais.

Dans le parc aérostatique de Meudon, que nous mentionnerons d’abord, il y a des appareils différents, pour la préparation de l’hydrogène en grand : un appareil fixe, destiné à être employé dans les campements et stations militaires, et un appareil mobile, qui s’installe sur un chariot, et se transporte rapidement d’un lieu à un autre. Ces deux appareils sont, d’ailleurs, constitués de la même manière, sauf le caractère de fixité ou de mobilité.

Le gaz hydrogène se prépare, dans ces appareils, par le procédé qui consiste à faire réagir l’acide sulfurique sur la tournure de fer. Les dispositions diffèrent peu de celles qu’adopta Giffard, pour le gonflement de son colossal ballon captif des Tuileries, en 1878, appareil que nous avons décrit dans les Merveilles de la science, et que M. Gaston Tissandier a perfectionné en 1883. On a vu, dans le dessin que nous avons donné de l’appareil de M. Tissandier (fig. 608 de ce Supplément[1], ces vastes cylindres verticaux, dans lesquels l’acide sulfurique, introduit par la partie inférieure, s’élève progressivement, pour attaquer de nouvelles quantités de fer, le trop-plein, le laveur, etc.

Comme dans le cylindre de M. Gaston Tissandier, dans l’appareil de Meudon-Chalais, l’acide sulfurique, mélangé d’eau en proportions convenables, pénètre par la partie inférieure dans le générateur, lequel n’est point, comme dans l’appareil Tissandier, en poterie, mais en fonte doublée de plomb. Au contact de la tournure de fer qui remplit ce récipient, le liquide acide s’appauvrit, et arrive jusqu’au niveau du trop-plein, par lequel s’écoule l’eau chargée de sulfate de fer. Le gaz hydrogène se dégage par la partie supérieure du générateur, il traverse un laveur, puis un sécheur, renfermant de la chaux vive, du chlorure de calcium ou de la soude caustique. On s’assure que le gaz est suffisamment débarrassé de toute trace d’acide et d’humidité, avant de l’envoyer dans le ballon.

L’appareil fixe de Meudon-Chalais peut produire 3 000 mètres cubes d’hydrogène à l’heure. Les appareils mobiles, groupés sur un seul chariot qui ne pèse pas plus

  1. Pages 662-663.