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le mélange de la nitro-glycérine et de la nitro-cellulose.

Cette dernière opération s’effectue dans des récipients en cuivre, à double fond, chauffés par la vapeur. La pâte de gélatine explosive est aussitôt envoyée aux cartoucheries, et découpée en boudins, de 12 centimètres de longueur.

« Pour les pâtes peu plastiques, écrit M. Chalon, on emploie une presse à cartouches, analogue aux machines à boucher les bouteilles, et composée d’une douille verticale en cuivre dans laquelle glisse un piston guidé que l’on actionne à la main par l’intermédiaire d’un balancier. Quand la pâte est plastique, on remplace les presses à percussion par des presses rotatives. La matière est distribuée sur une petite vis d’Archimède qui la pousse dans un tube en bronze d’où elle sort sous une forme cylindrique. On la reçoit sur des plateaux en bois, fendus transversalement de cannelures à la distance qui correspond à la longueur des cartouches. On découpe les boudins au couteau en promenant celui-ci dans les fentes ménagées sur les parois des cannelures. Dans l’atelier d’emballage, les cartouches sont enroulées dans des feuilles de papier parchemin, puis mises dans des boîtes de carton qui sont emballées, dix par dix, dans des caisses en bois.

L’emballage est une opération très importante ; chaque boîte doit être enfermée dans du papier goudronné imperméable, et les parois de la caisse doivent être revêtues du même papier. »


CHAPITRE VI

les autres explosifs. — explosifs à base de chlorate de potasse. — les fulminates ; fabrication des amorces. — les nitro-gélatines, la bellite, etc.

Avant de parler de l’emploi de la dynamite, et des explosifs, en général, tant pour la destruction des ouvrages, en temps de guerre, que pour les travaux des mines et carrières, en temps de paix, nous devons énumérer les autres explosifs les plus connus, mais qui ne sont pas encore entrés dans la pratique industrielle.

En réalité, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, le nombre des explosifs est illimité. On peut en faire varier à l’infini la composition et les propriétés, en mélangeant entre eux certains corps détonants. Seulement, la plupart des corps que l’on obtient ainsi ont une action absolument brisante, et on ne saurait en faire aucun usage d’une façon pratique.

Le chlorate de potasse est le composé auquel on a le plus souvent recours pour obtenir des explosifs. Rien de plus élémentaire que cette expérience : Mélangez du soufre et du chlorate de potasse, en très petite quantité ; enfermez le tout dans un morceau de papier, et frappez sur le mélange avec un marteau : il y aura explosion. Si, au lieu de frapper, vous projetez sur ce mélange quelques gouttes d’acide sulfurique, le soufre et le chlorate de potasse s’enflammeront. Remplacez le soufre par du phosphore, de la benzine, du sulfure de carbone, ou d’autres sulfures métalliques, vous aurez ainsi mille explosifs différents, ayant la même base : le chlorate de potasse. Tous seront brisants, et par conséquent, d’un emploi dangereux.

Au point de vue purement industriel, le chlorate de potasse offre un autre inconvénient : c’est son haut prix. Un officier suisse avait pourtant proposé de remplir les obus avec une poudre à base de chlorate de potasse. Dans l’axe du projectile, il plaçait un tube en verre plein d’acide sulfurique. Au moment du choc, le tube était brisé ; l’acide sulfurique se répandait sur le chlorate de potasse, en déterminait la décomposition, et l’obus faisait explosion. Il est vrai que le choc produit par l’inflammation de la charge du canon pouvait amener la rupture du tube de verre ; alors, l’obus éclatait dans l’âme de la pièce, ou immédiatement au sortir de l’âme, et c’étaient les servants qui étaient atteints, et non pas l’adversaire.

M. Divine, chimiste à Jersey, a pris un brevet pour la fabrication d’une poudre, qu’il appelle rackarock, et qui se compose de quatre parties de chlorate de potasse,