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réduit considérablement le nombre des accidents. Il fallait autrefois, quand on avait un personnel important d’ouvriers, compter, chaque année, sur un nombre assez grand de victimes ; avec la dynamite ce nombre diminue considérablement.

« Je suis absolument convaincu, dit le major anglais Beaumont, que pour l’usage et le transport, la dynamite offre bien plus de sécurité que la poudre. Dans les travaux que j’ai eu à exécuter j’ai eu plusieurs accidents avec la poudre : je n’en ai pas eu un seul avec la dynamite qui ait fait des victimes. »

« J’ai essayé la dynamite de toutes façons possibles, dit M. E. Taylot, régisseur des mines de Chester et d’Aberystwith, et je n’ai jamais eu d’accidents… L’usage de la poudre est tellement dangereux, j’ai eu tant de monde tué par cette matière, que je ne voudrais à aucun prix être obligé de l’employer de nouveau… J’ai eu sept hommes tués en une seule année[1]. »

L’emploi de la dynamite offre aux ouvriers mineurs une sécurité bien plus grande que la poudre ordinaire. Depuis que son emploi s’est répandu dans les mines du sud-est de l’Angleterre, on ne pourrait citer un seul accident qui lui soit attribuable.

L’économie de temps et de main-d’œuvre que l’on réalise dans l’emploi de la dynamite tient aux causes suivantes :

La matière explosive étant beaucoup plus forte que la poudre, on a, pour le même travail, moins de mine à percer.

La matière étant beaucoup plus dense que la poudre (le double environ), on peut en placer le même poids dans un volume de moitié moins grand, et par conséquent, faire des trous de mines beaucoup plus petits.

La dynamite ne craignant pas l’humidité, il est inutile, comme avec la poudre, de perdre du temps à dessécher les trous de mine.

L’inflammation de la dynamite au moyen de la capsule étant instantanée, il suffit d’un bourrage sommaire, comme de verser dans le trou de mine le sable ou la terre que l’on a sous la main, en le tassant avec un bourroir en bois. On sait, au contraire, qu’avec la poudre, on n’a presque pas d’effet si elle n’est pas parfaitement bourrée.

Enfin, on peut, quand les circonstances le permettent, employer le bourrage à l’eau, qui donne un résultat excellent, tout en étant aussi simple qu’économique. Le bourrage à l’eau est impossible avec la poudre, que l’eau détruit immédiatement.

La sécurité que l’on trouve dans l’emploi de la dynamite provient de ce que cet explosif, qui s’enflamme, du reste, assez difficilement, ne produit aucun effet, quand il est enflammé par les moyens ordinaires. Il faut absolument la présence de la capsule au fulminate de mercure, pour amener son explosion ; de sorte que, dans les conditions ordinaires, il n’y a pas plus de danger à avoir avec soi de la dynamite, que du charbon, du coton ou tout autre corps inflammable.

La dynamite, il est vrai, peut détoner par le choc ; mais il faut pour cela que la matière soit placée, en couche mince, entre deux corps durs. C’est pour cela qu’il ne faut jamais employer, pour bourroirs, des tiges de fer. À l’état de cartouche et surtout enfermée dans des sacs, boîtes ou caisses, la dynamite ne craint rien et peut supporter les chocs ou les secousses les plus violents, sans qu’il en résulte d’accident. On a fait souvent l’expérience qui consiste à faire tomber sur une caisse de dynamite un poids en fonte de 100 kilogrammes, d’une hauteur de 10 mètres, sans qu’il en résulte d’autre effet que d’écraser la matière.

On a prétendu que la dynamite n’est point une substance stable et qu’elle peut se dé-

  1. Pétition au ministre des travaux publics par les ingénieurs des mines de la Société de l’industrie universelle. — Octobre 1877.