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Fig. 142. — Le général Abel Douay tué par l’explosion du caisson d’une mitrailleuse.


tres de distance, alors que leur portée ne dépassait pas 500 mètres.

À la bataille de Wissembourg, le 4 août 1870, un obus prussien tombe sur un caisson de mitrailleuse. Le caisson fait explosion, et l’une des balles qu’il renferme va frapper mortellement le général Abel Douay. Ce fut assez pour provoquer tout un concert de récriminations contre les mitrailleuses, qui, du Capitole, furent bientôt traînées aux gémonies. Pour parler sans métaphore, ceux qui avaient le plus recommandé l’emploi des mitrailleuses furent les premiers à en demander la suppression.

C’était aller trop brusquement d’un extrême à l’autre.

Deux mois plus tard, en effet, les chefs de notre armée, qui avaient profité d’une expérience si chèrement acquise, tiraient parti des mitrailleuses. C’est ainsi qu’à Champigny, le 2 décembre 1870, deux mitrailleuses, commandées par le chef d’escadron Ladvocat, aujourd’hui général de division, exécutaient, à 500 mètres de distance, un tir rapide contre une division bavaroise ; et leur feu produisait de tels ravages que la marche en avant des colonnes ennemies était arrêtée net ; de sorte que le corps d’armée du général Ducrot put achever sa retraite, sans être inquiété. Nous verrons plus loin que les mitrailleuses figurent dans l’armement de nos forteresses, et qu’elles sont tout spécialement affectées à la défense des caponnières. À ce titre, ces engins, trop vantés jadis, trop décriés aujourd’hui, méritent une mention spéciale ; d’autant plus qu’ils ont été perfectionnés, qu’ils le seront encore, dans un avenir très prochain ; de sorte que la mitrailleuse future sera au canon ce que le fusil à répétition est au fusil à aiguille.