Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/174

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Nous avons donné, dans les Merveilles de la science[1], la figure, la description et la coupe de la mitrailleuse Gatling, ou mitrailleuse américaine. Nous renvoyons le lecteur à ces pages de notre ouvrage, auxquelles nous n’aurions que peu à ajouter ; la mitrailleuse Gatling n’ayant subi que des modifications sans importance depuis 1870.

Sa portée effective ne dépasse pas 800 mètres, mais, à cette distance, toutes les balles se logent dans un rectangle de 20 mètres de superficie. On a réussi, à l’aide de quelques perfectionnements ingénieux, à doubler presque la rapidité de son tir, et à lui faire tirer jusqu’à six coups, c’est-à-dire lancer 150 balles, dans l’espace d’une minute. Le diamètre des balles de cette mitrailleuse est de 13mm,6.

Pour la défense des places, l’artillerie a adopté une mitrailleuse de 13mm,5 ; chaque cartouche contient trois balles superposées. On devine aisément quels sont les avantages de cette substitution, quand il s’agit de repousser un assaut, et par conséquent, de couvrir une petite étendue de terrain du plus grand nombre possible de projectiles. Ajoutons que l’affût de la mitrailleuse actuelle est en bronze.

La mitrailleuse Gatling a été expérimentée dans une foule de circonstances, non seulement à terre, mais aussi à bord des navires. Au siège de Plewna, en novembre 1877, les Russes se servirent de deux batteries de mitrailleuses Gatling, pour arrêter les détachements turcs qui cherchaient à pénétrer jusque dans les tranchées. À cet effet, les mitrailleuses, abritées derrière de petits épaulements, étaient pointées, avant la nuit, vers la zone de terrain que devaient forcément traverser les Turcs, et au premier signal, les mitrailleuses étaient mises en mouvement.

À Tel el Kébir, en octobre 1882, les Anglais avaient une batterie de six mitrailleuses Gatling, servie par trente marins. Le 12 octobre, cette batterie reçut l’ordre de se porter en avant : elle vint à bonne distance des retranchements de Tel el Kébir. Devant elle, à sa droite et à sa gauche, se trouvaient des batteries ennemies, qui tiraient vivement sur les nouveaux arrivants. Immédiatement, le commandant ordonne d’ouvrir le feu ; en peu d’instants les parapets sont balayés, les embrasures sont criblées de projectiles, les Égyptiens se retirent, et les marins anglais, s’élançant à l’assaut, franchissent les retranchements, et poursuivent l’ennemi jusqu’auprès de son camp. Il est clair que si les Égyptiens avaient eu des canons à tir rapide, et s’ils avaient su les manier, les mitrailleuses anglaises auraient été bientôt démontées.

Aujourd’hui, où les expéditions coloniales ont pris un si large développement, l’usage des mitrailleuses est tout naturellement indiqué. Le crépitement qu’elles produisent agit sur l’esprit des indigènes, et produit presque autant d’effet que leur tir même.

Très légères, très mobiles, les mitrailleuses se plient à toutes les exigences d’un combat naval. Elles peuvent être installées et déplacées du pont d’un navire dans les hunes. En 1877, au combat livré par deux bâtiments anglais contre un vaisseau péruvien, une petite mitrailleuse Gatling fixée dans la hune du mât de misaine rendit de précieux services.

La mitrailleuse Gailing est formée, à volonté, d’une réunion de six, huit ou dix canons ; on choisit un de ces chiffres, d’après les conditions à remplir de légèreté et de vitesse du tir. Ce faisceau est maintenu rigide par des tresses placées de telle sorte qu’elles ne s’opposent pas à la dilatation naturelle du métal. Chacun des canons de fusil correspond à une platine. Au moyen d’une manivelle, l’artilleur fait tourner, en même temps, les canons et les platines. Indépendamment

  1. Tome III, pages 516-518.