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de ce mouvement de rotation commun, les platines vont en avant et en arrière : en avant, pour introduire les cartouches dans le tonnerre ; en arrière, pour opérer l’extraction des douilles vides. L’extracteur, qui n’a pas de ressort, saisit le culot de la cartouche, au moment de son introduction et avant qu’elle ait été poussée dans le canon. Le tir n’est possible que si la manivelle tourne de gauche à droite ; de cette façon, on prévient tout accident dans le cas où l’on est obligé de faire manœuvrer la pièce toute chargée. Pendant l’action, cinq cartouches sont constamment en marche ; tandis que l’une d’elles fait feu, une autre est introduite dans le canon, une troisième est extraite, la quatrième et la cinquième sont saisies par la platine. Ces mouvements alternatifs se succèdent sans aucune interruption, si bien que le tir se continue régulièrement et automatiquement tant que la pièce est approvisionnée.

Jusqu’en 1880, la mitrailleuse Gatling était approvisionnée par l’intermédiaire d’un tambour ; on fit usage, plus tard, d’un étui, dans lequel on introduisait quarante cartouches, qui descendaient dans le canon sous l’action de la pesanteur ; les cartouches pleines et les douilles vides se croisaient, et se faisaient obstacle.

Le chargement de la mitrailleuse actuelle se fait par un disque vertical dans lequel 104 cartouches sont contenues. Ces cartouches suivent une spirale, qui va du centre à la circonférence, et cela jusqu’à l’instant où elles sont introduites de force dans les canons. Des ailettes placées dans le disque, et mues par la manivelle de la mitrailleuse, poussent et guident les cartouches dans la spirale. Le chargement peut donc être effectué quelle que soit l’inclinaison de la pièce, fût-elle même verticale, ce qui permet d’exécuter des feux plongeants du haut en bas d’un parapet, d’un mât de misaine ou du pont d’un navire. Avec 10 canons, la mitrailleuse Gatling tire jusqu’à 1 200 coups par minute.

La mitrailleuse Gatling n’est pas certainement le type définitif. Elle peut être utile dans certaines circonstances, mais il serait inutile d’en introduire plusieurs batteries dans nos parcs de siège. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’elle est la seule qui ait été largement essayée depuis la guerre de 1870.

Un constructeur américain, M. Maxim, a, plus récemment, construit une mitrailleuse dont les dispositions mécaniques diffèrent de celles de la mitrailleuse Gatling, en ce que le mouvement de recul de la pièce est utilisé pour recharger le canon. Cette mitrailleuse figurait à l’Exposition de Paris de 1889, et le shah de Perse se donna la satisfaction de faire tirer cette bouche à feu sous ses yeux.

Nous emprunterons la description de la mitrailleuse Maxim au journal la Science illustrée, du 27 avril 1889.

« Le canon automatique Maxim est construit, dit la Science illustrée, de telle façon qu’il suffit de tirer un seul coup pour le faire fonctionner indéfiniment et vider son magasin de cartouches, le tireur n’ayant qu’à diriger la pièce. La force du recul est employée à extraire la cartouche vide, à en glisser une neuve dans le tonnerre et à faire partir le coup ; le canonnier maintient simplement la détente poussée. Toutes ces opérations se font automatiquement, et la pièce tire sans interruption jusqu’à épuisement complet de son magasin.

« Décrivons brièvement l’opération.

« La culasse est d’abord manœuvrée à la main, la première cartouche poussée dans le canon, et la gâchette pressée pour faire partir le premier coup. Le recul produit par l’explosion est reçu par la culasse qui se trouve lancée en arrière, entraînant le canon à sa suite. Pendant ce mouvement, la culasse s’est ouverte, le culot vide a été extrait, l’aiguille mise au cran de sûreté, et une