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veut se servir de la fusée fusante, il faut commencer par la régler. Dans ce but, on s’assure que le trait 0 de l’évent est en exacte coïncidence avec le 0 de la graduation du plateau. L’obus doit-il éclater après dix secondes, on perce à l’aide d’un débouchoir à vrille l’évent marqué 10. Au moment du départ de l’obus, la composition fusante commence à brûler ; elle communique le feu à la charge intérieure de l’obus à l’instant où la flamme arrive à l’évent débouché. C’est ainsi que, si l’on débouchait l’évent 0, ce qu’il faut bien se garder de faire, l’obus éclaterait presque au sortir de la bouche à feu.

Bien que la fusée à double effet et la fusée Budin soient exclusivement employées dans l’armement de nos batteries de campagne, quelques autres fusées, d’invention plus ancienne, ont été conservées dans nos arsenaux, soit que l’approvisionnement en fusées réglementaires ne soit pas encore tout à fait au complet, soit que ces fusées soient destinées à jouer un rôle dans certaines circonstances exceptionnelles. C’est ainsi que les obus des canons rayés de 4, 8 et 12, et ceux des canons Withworth sont munis de la fusée Démarest, imaginée en 1858 par le capitaine d’artillerie de ce nom.

Fig. 175. — Fusée Démarest (coupe).

La fusée Démarest (fig. 175) est percutante. Elle se distingue de la fusée Budin par ce fait, que la fusée ne s’arme pas au départ de l’obus. C’est seulement au moment où le projectile touche le sol que le tampon a, qui est en bois dur, enfoncé par la violence du choc, repousse le rugueux m, contre l’amorce fulminante q ; le feu se communique à la charge par le canal f.

La figure 175 représente la coupe de la fusée Démarest : la figure ci-dessous la montre telle qu’elle est, avec le corps de fusée que l’on visse dans la tête de l’obus.

Fig. 176. — Fusée Démarest (élévation).

Il résulte de ce qu’on vient de lire que si l’obus tombait à terre, par hasard, il éclaterait. Pour remédier à ce grave inconvénient, le capitaine Démarest a recouvert la fusée, à sa partie supérieure, d’une plaque de sûreté O (fig. 176). Quand on introduit l’obus dans la bouche à feu, le pointeur arrache un fil r qui entoure cette plaque de sûreté ; les deux pointes en laiton xx qui relient la plaque de sûreté à la fusée sont arrachées ; on dit alors que la fusée est décoiffée.

Telles sont les fusées employées dans l’artillerie française pour l’armement des projectiles.

Outre les fusées, toutes les artilleries européennes emploient d’autres moyens d’inflammation des obus. Ce sont, d’abord, les artifices pour la communication du feu, tels que le bickford, que nous avons décrit dans notre Supplément aux Poudres de