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1870, où la plus grande cause de confusion et d’arrêt dans les opérations provint de ce que l’on recevait des magasins de la guerre des munitions qui n’entraient pas dans les calibres des canons ou des fusils.

Au mois de mars 1884, la commission de Versailles terminait ses expériences de tir et ses comparaisons, en proposant de remplacer le fusil Gras par un autre type d’arme, soit à répétition, soit à chargeur, soit même à tir coup par coup, qui jouirait, grâce à son faible calibre, d’une plus grande puissance balistique.

La réduction du calibre à 8 millimètres avait surtout été soutenue par le colonel Luzeux, du 22e d’infanterie, aujourd’hui général. Toutefois, aucun des modèles proposés n’avait paru réunir toutes les conditions nécessaires ; de sorte que pour prononcer en dernier ressort sur la question des dernières études elle institua une sous-commission, dite Commission des armes à répétition et de petit calibre.

Présidée par le général Tramond, que l’armée a perdu trop tôt, cette sous-commission était composée du colonel Gras, du lieutenant-colonel Bonnet, du colonel Lebel du commandant d’artillerie Tristan, chef du service des armes portatives au dépôt central de l’artillerie, des capitaines Heimburger et Desaleux, Elle devait, dans les plaines du camp de Châlons, inaccessibles aux curieux, essayer les modèles qui avaient paru les meilleurs.

Les premiers essais eurent lieu au mois de juin 1884, sur deux fusils construits suivant ses indications. L’un, du calibre de 8 millimètres, était présenté par la manufacture de Châtellerault ; l’autre, de 9 millimètres, par celle de Saint-Étienne. L’arme de Chatellerault, à tir coup par coup, fut sur le point d’être adoptée. Différant seulement du fusil Gras par le calibre du canon, elle aurait permis une transformation rapide de notre matériel.

Cependant, la Commission voulait trouver mieux. Elle se remit au travail, et elle créa, cette fois, une arme à répétition irréprochable, qui prit le nom de fusil modèle de 1886, Le colonel Lebel, et les colonels Gras et Bonnet, déterminèrent la forme et le fonctionnement des différentes pièces de ce fusil.

Il restait à faire choix de la poudre destinée à ce nouveau fusil.

Pendant que les officiers de la sous-commission de Versailles s’appliquaient, de concert avec MM. Lebel, Tramond, Gras et Bonnet, à créer le nouveau fusil modèle de 1886, M. Vieille, alors jeune ingénieur des arts et manufactures, cherchait, comme nous l’avons dit dans le Supplément aux poudres de guerre, la poudre sans fumée, et il finissait par la trouver. L’une des inventions s’adapta à l’autre ; la poudre sans fumée fut le complément nécessaire du fusil modèle de 1886, et ainsi fut créée l’arme nouvelle, avec laquelle la France peut attendre tranquillement, sans bravade, mais avec confiance, les agressions étrangères, qu’elles viennent de l’Est ou du Nord, des bords du Rhin ou du côté des Alpes.

Les cartouches chargées de la poudre sans fumée de M. Vieille et l’arme de petit calibre à répétition, ayant été définitivement adoptées sous le nom réglementaire de fusil modèle de 1886, le général Gras se rendit aussitôt en Amérique, pour y acheter les machines-outils nécessaires à la fabrication de cette arme.

En décembre 1886, on commença à fabriquer dans les manufactures de l’État le fusil dit modèle de 1886.

En résumé, le fusil modèle de 1886 est improprement nommé fusil Lebel, puisque plus d’un officier a concouru à sa création. Il est dù à la collaboration active du général