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cuirasse impénétrable, et possédant une remarquable facilité de manœuvre. »

À cela les partisans des vaisseaux cuirassés répondaient :

« Le problème est insoluble ; gardons nos cuirassés. »

Mais les adversaires répliquaient :

« Le problème n’est pas insoluble : nous avons les croiseurs et les torpilleurs, qui répondent à tous les besoins. »

La question en est là, et on n’entrevoit pas la solution de cette grave difficulté, ou, du moins, la possibilité de mettre les deux écoles d’accord.

S’il nous est permis d’émettre une opinion, nous dirons que les vaisseaux cuirassés auront toujours un rôle très important à jouer dans les guerres maritimes, mais qu’il n’est pas nécessaire de continuer indéfiniment la lutte entre la cuirasse et le canon, d’entasser autour des flancs des bâtiments, des poids de plus en plus formidables de fer et d’acier, au risque de les priver ainsi de leurs qualités essentielles. Faut-il admettre, d’autre part, que le matériel de combat de l’avenir doive consister simplement dans les croiseurs et les torpilleurs, si rapides qu’on les suppose ? Comme le disait le capitaine Gougeard, le héros du Mans, qui fut trop peu de temps ministre de la marine, « ce n’est pas avec ces coquilles de noix que la France pourra régner sur la mer, et conserver, pour son usage, en les interdisant aux autres, les grandes routes de l’Océan ».

D’où il faut tirer cette conclusion : Ayons, tout à la fois, des vaisseaux cuirassés et des torpilleurs. Nous avons d’admirables cuirassés, il faut les conserver. Quant aux navires torpilleurs, ils sont susceptibles de quelques reproches, en ce qui touche leur construction. À l’heure qu’il est on peut dire que la France ne possède pas de véritables torpilleurs de haute mer.

En veut-on une preuve ? Pendant l’été de
Fig. 285. — Le torpilleur de 35 mètres, 110