Les Montagnes-Russes, situées sur le boulevard des Capucines, sont éclairées par l’usine Popp, qui envoie l’air comprimé, pour actionner une machine dynamo.
Les Menus-Plaisirs (boulevard de Strasbourg), depuis le mois d’octobre 1887, sont également pourvus de lampes à incandescence. Le moteur est une machine à vapeur.
Près de ce théâtre, l’Eldorado, simple café-concert, rayonne, chaque soir, des feux du nouvel éclairage ; et non loin de lui, un autre café-concert, la Scala, brille des mêmes feux.
L’éclairage électrique est venu ajouter aux merveilles du Grand-Opéra, une valeur nouvelle.
En 1888, à la suite d’essais de tout genre, qui duraient depuis cinq ans, l’éclairage entier de l’Opéra par l’électricité, fut réalisé par la Compagnie Edison.
Les 8 000 becs de gaz, qui constituaient l’ancien éclairage, furent tous supprimés, et remplacés par 6 131 lampes à incandescence, dont voici la distribution :
Lampes de 10 bougies. | Lampes de 16 bougies. | |
Administration |
1 165 | 40 |
Scène |
1 568 | 120 |
Salle et pavillon |
1 212 | 306 |
Foyer et escalier |
1 010 | 642 |
Caves |
68 | » |
Totaux |
5 023 | 1 108 |
En outre de ces 6 131 lampes, l’éclairage comprend 22 bougies Jablochkoff, pour le péristyle du théâtre et le plafond du grand escalier, et 8 lampes à arc, pour la loggia.
Pour fournir l’électricité à ces lampes à incandescence et à arc, on a installé des chaudières Belleville dans les sous-sols de l’Opéra, dont les vastes profondeurs se prêtent si bien à les recevoir.
Elles alimentent :
Une machine à vapeur Corliss, de 250 chevaux, tournant à la vitesse de 60 tours par minute ;
Une machine à vapeur Armington, de 100 chevaux, tournant à 300 tours par minute ;
Quatre machinés Weyher et Richemond, de 140 chevaux, tournant à 160 tours par minute ;
Une autre machine Weyher et Richemond, de 40 chevaux, tournant à 85 tours ;
Une machine Weyher et Richemond, de 20 chevaux, tournant à 100 tours ;
Ce qui représente une force de 970 chevaux-vapeur, pouvant facilement être portée, quand on le veut, à 1 200.
La cheminée, qui a 1m,36 de diamètre et 39 mètres de hauteur, est placée dans une cour intérieure.
Les chaudières produisent de la vapeur à 12 kilos de pression ; mais comme elles sont situées à une distance de 60 mètres des machines, on a créé une canalisation spéciale de la vapeur, pour éviter toute cause d’arrêt. On a réuni au centre toutes les conduites de vapeur partant des chaudières, de façon à former une véritable boucle se fermant sur les chaudières. Par ce moyen, on dirige la vapeur dans la conduite de droite ou dans celle de gauche, ou dans les deux à la fois.
L’eau nécessaire à l’alimentation des chaudières et à la condensation de la vapeur des machines, est empruntée en partie aux eaux de la ville, et en partie à un puits creusé à 39 mètres de profondeur. Le débit de ce puits est de 65 mètres cubes à l’heure, avec une dénivellation de 6 mètres. L’eau est élevée par une pompe, qu’actionne une transmission électrique.
Chaque machine à vapeur, de 140 chevaux, actionne une machine dynamo, de 800 ampères.
On a ainsi quatre groupes de machines pouvant alimenter 1 000 lampes chacune, et pouvant fonctionner séparément ou simultanément.