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La carte dont le Congrès astronomique de Paris a tracé le programme sera certainement, aux yeux des astronomes de l’avenir, le monument scientifique le plus considérable et le plus fécond en découvertes que les siècles passés leur auront légué.


CHAPITRE XI

applications de la photographie aux arts de la typographie et de la gravure. — le procédé gillot et la photogravure directe.

Dans les Merveilles de la Science[1] nous avons exposé les débuts de l’art de la gravure photographique, et décrit les procédés primitivement créés par Poitevin, Garnier, Nègre, Baldus, etc. Ces procédés consistaient à appliquer la gélatine bichromatée à la formation d’un négatif photographique, en ménageant sur la planche métallique un grain, analogue à celui de la gravure en taille-douce. Nous avons dit qu’en 1867 Garnier obtint, de la Société d’encouragement, le prix fondé par M. de Luynes, pour la meilleure application de la photographie à la typographie et à la gravure.

Depuis l’année 1867, qui vit ainsi couronner les premiers essais de la gravure photographique, une foule de recherches ont été entreprises, pour perfectionner ces procédés et en étendre la sphère, ou pour les introduire dans les usages de l’imprimerie. Ce serait une tâche beaucoup trop longue que de raconter toutes les tentatives faites depuis 1867 jusqu’à ce jour, dans cette direction. Négligeant toutes les phases qu’a pu traverser l’art qui nous occupe, nous nous attacherons à décrire son état présent, et les procédés qui sont aujourd’hui acquis à la pratique industrielle.

Disons, pour commencer, que l’art de l’imprimerie fait aujourd’hui un emploi très étendu de la photographie appliquée à produire des clichés en relief, soit en zinc soit en cuivre. Aujourd’hui, les livres de science, d’art ou d’industrie, sont remplis de gravures, qui viennent éclairer et compléter les descriptions de l’auteur. Les ouvrages de pure imagination ont même recours aux illustrations : le récit a bien plus d’attrait quand un dessinateur de talent vient, presque à chaque page, mettre, pour ainsi dire, le sujet du récit sous nos yeux. À quelles dépenses n’auraient pas entraîné ce déluge d’illustrations, s’il eût fallu employer, comme autrefois, la gravure sur bois, qui demande un artiste pour dessiner sur le bois, puis un graveur pour tailler ce bois, et traduire, sans la dénaturer, l’œuvre du dessinateur ! La gravure par la photographie a permis de supprimer le plus souvent les deux intermédiaires entre la création et l’exécution de l’œuvre, c’est-à-dire le graveur sur bois, et quelquefois même le dessinateur lui-même.

Arrêtons-nous ici, pour faire une remarque rétrospective historique.

On sait que le but primitif du créateur de la photographie, Nicéphore Niepce, c’était précisément de produire des gravures par l’action de la lumière, au moyen de la chambre obscure et d’un agent chimique. L’agent chimique auquel Nicéphore Niepce avait recours était le bitume de Judée. Or, c’est précisément le bitume de Judée qui sert aujourd’hui de matière sensible pour produire les clichés en relief par les procédés photographiques.

Sans insister davantage sur ce rapprochement historique, nous dirons que les moyens d’obtenir des clichés en relief applicables à la typographie, c’est-à-dire donnant des dessins, que l’on tire en typographie en même temps que les pages de texte, ce qui procure une économie considérable, peuvent être réduits à deux :

  1. Tome III, pages 129-144.