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tricité atmosphérique, la loi de la décroissance, de la température, etc.

C’est ce que Hervé Mangon expliquait fort bien, dans une communication adressée, le 3 mai 1888, à la Société météorologique de France.

La tour Eiffel permettra, selon Hervé Mangon, d’organiser un grand nombre d’observations et d’expériences météorologiques du plus haut intérêt, parmi lesquelles nous citerons au hasard les suivantes :

La loi de décroissance de la température avec la hauteur serait facilement observée, et les variations dues aux vents, aux nuages, etc., fourniraient certainement de nombreux renseignements, qui nous font jusqu’à présent complètement défaut.

La quantité de pluie qui tombe à différentes hauteurs sur une même verticale, a été très diversement estimée. Cette question, si intéressante pour la théorie de la formation de la pluie, serait résolue par quelques années d’observations faites au moyen d’une quinzaine de pluviomètres, régulièrement espacés sur la hauteur de la Tour.

La brume, le brouillard, la rosée, forment souvent à la surface du sol, des masses de moins de 300 mètres de hauteur ; on pourrait donc observer ces météores sur toute leur épaisseur, faire des prises d’air à diverses hauteurs, mesurer le volume d’eau à l’état globulaire tenu en suspension dans chaque couche. Ce volume liquide est beaucoup plus considérable que celui qui répond à la vapeur d’eau, et sa connaissance expliquerait comment des nuages d’un faible volume versent quelquefois sur le sol des quantités d’eau si considérables.

L’état hygrométrique de l’air varie avec la hauteur. Rien ne serait plus facile que d’étudier ces changements, si l’on pouvait observer au même instant des instruments placés à d’assez grandes distances les uns au-dessus des autres.

L’évaporation donnerait également lieu à de très utiles expériences.

L’électricité atmosphérique, sur laquelle on ne possède encore que des notions si imparfaites, devrait faire à l’observatoire de la tour l’objet des recherches les plus actives. La différence de tension électrique entre deux points situés à 300 mètres de distance verticale est probablement très considérable et donnerait lieu à des phénomènes du plus grand intérêt.

La vitesse du vent croît, en général, avec rapidité, quand on s’écarte de la surface du sol ; la tour permettrait de déterminer la loi d’augmentation de cette vitesse jusqu’à 300 mètres, et probablement un peu plus haut. Cette détermination, indépendamment de son intérêt théorique fournirait à l’aérostation d’utiles renseignements.

La transparence de l’air pourrait être observée, sur la tour, dans des conditions exceptionnellement favorables, soit suivant la verticale, soit suivant les lignes d’une inclinaison donnée.

Indépendamment des observations météorologiques que nous venons de citer, la tour du Champ de Mars permettra encore de réaliser un grand nombre d’expériences qu’il est impossible de tenter aujourd’hui, On pourra, par exemple, établir des manomètres allant jusqu’à 400 atmosphères, qui pourront servir à graduer expérimentalement les manomètres des presses hydrauliques, et à établir des pendules dont chaque oscillation durerait plus d’un quart de minute, etc., etc.

Grâce à sa hauteur, on pourra répéter sur une échelle grandiose la célèbre expérience de Foucault pour la démonstration de la rotation de la terre. Un pendule, composé d’une masse de fer suspendue à un fil de 200 mètres de longueur, venant heurter de