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« On dit vous quand on est en colère »

« On dit toi quand on a de l’amour. »

Entre les deux jeunes filles, la glace était rompue.

La chambre est spacieuse, un papier tenture d’un prix modique, mais d’un goût sûr, orne les murs. Laure le regarde sans cacher son admiration, il y a de belles lignes dorées qui attirent toute la lumière, et brillent même à la clarté parcimonieuse de cette lampe.

Hélène dit en déposant la veilleuse sur un meuble :

— C’est Alexandre qui l’a choisi et envoyé de Montréal.

Et Laure pense : c’est ici qu’ils ont logé, Lucille et Alexandre durant leur voyage de noces.

Hélène questionne :

— As-tu des bagages ? sa voix se fait hésitante. Le temps de s’habituer au tutoiement.

— J’ai une valise, mais je ne sais pas où elle a été mise.

Au même moment la porte fut poussée par des bras vigoureux, et un grand garçon entra portant sur son épaule la malle de Laure.

Lentement, les deux jeunes filles si différentes revinrent vers la cuisine. Tout le monde était rangé autour de la table : on attendait leur arrivée.

Le père est au haut bout, les mains appuyées au dossier de sa chaise. D’un coup d’œil, il indique à Laure la place qu’il lui a réservée à sa droite. Quelle radieuse apparition de jeunesse malgré la