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Il saisit la petite main encore humide du contact des larmes :

— Je n’ai pas voulu te faire de la peine, petite Luciole. Je n’ai pas pensé une minute les paroles que j’ai dites, regarde-moi et souris. Si tu savais comme il me fait mal de te voir souffrir par ma faute.

— Je n’ai pas de peine, Alexandre, ce sont ces lumières qui m’éblouissent.

Son sourire n’est qu’une petite chose bien misérable, sa voix est mal assurée, et pourtant elle se raidit, afin que d’autres gouttes de rosée ne viennent pas abondantes perler à ses paupières et démentir ses paroles.

Avant la fin de la représentation, elle supplie Alexandre de la reconduire.

— Es-tu malade Lucille ? il fallait me prévenir, je t’aurais épargné cette corvée.

— Non, ce n’est que l’effet de la température surchauffée. Il y a si peu d’air dans cette boîte.

Ils se dirigent vers la sortie, Alexandre soutenant la jeune fille :

— Nous allons prendre un taxi ?

— J’aimerais mieux pas, objecta Lucille.

— Alors, le tramway, chérie ?

Que n’aurait-il pas fait, en ce moment, pour ramener sur les lèvres de cette jeune fille dont il se savait aimé, un sourire confiant ? Cette figure figée faisait mal à voir.

— Si tu voulais, au contraire, Alexandre, nous marcherions tout doucement. C’est le manque d’air