Alexandre resta quelques minutes indécis sur le trottoir. Mais sonner, demander Lucille eut paru bizarre. Il se décida à s’éloigner.
Aussitôt entrée dans sa chambre simple et proprette, Lucille, la petite Luciole blessée, enlève sa robe, cette malheureuse robe, qui lui a valu deux sacrifices et apporté un gros chagrin. Elle se laisse choir sur une chaise, et, sans contrainte, laisse couler ces larmes qui l’étouffent. Et ce soir, en jeune fille pratique, elle conclut qu’il est inutile de vouloir lutter avec cette autre femme qui lui a pris l’amour d’Alexandre. Qui est-elle, elle l’ignore, mais son instinct féminin lui a découvert une rivale, une rivale qui lui est supérieure. Comme la vie lui paraît sombre ! Tous les jours, enfermée dans cet atelier, tous les jours être en contact avec des personnes, dont plusieurs n’ont pas sa délicatesse et la font souffrir. Cette petite fleur bleue de l’affection d’Alexandre, lui permettait de trouver faciles les sacrifices, parce qu’elle avait l’espérance, un jour de fuir ce milieu. Quand ? elle n’en savait rien, mais elle pouvait lutter, peiner, elle s’acheminait vaillamment vers ce point brillant de son avenir. En une minute, elle venait de perdre toutes ses illusions. Le choc était très dur, sans sa piété profonde et vraie, elle serait glissée vers le désespoir. Après avoir soulagé son cœur, elle sécha ses larmes, bassina son visage d’eau froide pour effacer la trace de ce grand chagrin, et devant sa glace, s’essaya à sourire. Le lendemain, au travail, on ne devait rien deviner de sa vie privée et de ses ennuis.