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Page:Filion - À deux, 1937.djvu/35

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petite personne insignifiante qu’elle avait vue l’autre soir.

Ils entrèrent au restaurant, il prit place en face d’elle.

— Que veux-tu que je te fasse servir ?

— Ce que tu prendras.

Elle était plus que jamais passive, sans aucune volonté. Ses traits pâlis avaient pourtant gagné au peu de rouge qui les avivaient, sa bouche petite paraissait une belle cerise. Alexandre assis en face d’elle ne la voyait toujours pas. Alors à quoi avaient servi tous ces frais ?

Elle mange du bout des dents, prend un temps infini à siroter son café. Elle avait un coude posé sur le marbre de la table, son manteau était rejeté en arrière.

— Enlève-le donc, proposa Alexandre.

— Non merci, je préfère le garder.

Il n’insista pas.

— Lucille, dit-il tout à coup sans préambule, je ne veux pas te faire un mystère de mes relations avec Laure Lavoise.

Lucille répéta pensive : « Laure Lavoise ».

Comme le nom de famille semblait peu convenir à la belle jeune fille qu’elle avait admirée l’autre jour, toutefois le prénom allait bien. Et l’autre, est-ce qu’on le choisit ? Elle, n’avait-elle pas rêvé devenir Madame Daubourge ? Et maintenant, que serait-elle Madame n’importe qui, ou Madame rien du tout ; c’est-à-dire toujours Mademoiselle Prévoust.