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— Je ne sais pas seulement ce que l’on me dit.

Pierrette baissée devant l’appareil radiophonique fait promener l’aiguille sur l’arc des secteurs. Ce fut pendant quelques secondes une mesure de jazz, des cris incohérents, des bouts de phrases ridicules, décousues ; Pierrette passait rapide les postes de New-York, Washington, Montréal, Québec, etc.

La mine endiablée, elle revient au salon.

— Je vous ai donné une idée de ce que peut vous apporter à ce moment la radiofusion. Que préférez-vous ? Ce sont tous des artistes dans leur genre.

— Vous avez l’air de vous moquer de moi ce soir, Mademoiselle Pierrette. Voulez-vous ? laissez la radio et causons. N’avez-vous pas su que nous partons, votre cousin et moi, demain ?

— Oui. je le sais, répondit Pierrette rieuse.

Pour se donner une contenance, la jeune fille feuilletait un album de cartes postales. Il y en avait de belles, d’autres intéressantes, venues des quatre coins du globe. Pierrette ne les regardait pas, ses doigts tournaient les pages, au hasard. M. de Morais vint la rejoindre, et prenant l’album, il sollicita la permission de regarder.

— Il doit y en avoir auxquelles vous tenez beaucoup. Je ne serai pas indiscret : je n’essaierai pas de lire ce qu’il y a d’écrit.

— Ma vie est un livre tout grand ouvert ; tous et chacun peuvent y lire, s’il vous prend envie de jeter un coup d’œil de curiosité sur ces cartes, vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà. Vous vous êtes rendu compte que j’ai une quantité d’amies et de relations.

Il y avait des vues de Paris, de Toulouse, de Naples, de Constantine, d’Alger et de tous les coins des vieux pays, Bône, un ciel bleu, une mer bleue, Pierrette regardait attentivement, et une minute parut émue.

— À cette vue se rattache un souvenir triste ou gai ? demande M. de Morais, presque bas.