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Bientôt, elle plie les pages noircies, les glisse dans une enveloppe, et pousse un long soupir de soulagement.

— Pierrette, tu vas recevoir une demande en mariage, dit-elle sans préambule.

— Pourquoi dites-vous cela, maman ?

— Parce que, la famille de M. de Morais fait prendre des informations sur le chiffre de ta dot et sur bien d’autres détails.

— Ah ! répond Pierrette, désagréablement impressionnée. Ils tiennent tant que cela à connaître le montant de ma dot.

— Ils m’assurent du contraire, c’est, disent-ils, une simple formalité.

Pierrette n’ajoute rien et Madame des Orties voulant savoir ce que sa jeune fille pense de cette demande qui ne peut plus tarder, ajoute :

— Pierrette, l’idée te serait-elle venue de changer Charlie que tu connais depuis l’enfance, pour cet étranger dont nous ne savons rien ou presque rien ?

— Maman, ne vous inquiétez pas, « la grande demande » n’est pas faite que je sache. Savez-vous s’ils ne trouveront pas insignifiant le peu que j’apporte ?

— De cela je ne suis pas inquiète, mon enfant, le montant de ta dot représente un montant respectable.

— Alors, attendons patiemment la suite des événements.

Elle se mit à parler avec volubilité de choses indifférentes à cette question. Les dernières invitations reçues, celles qu’elle accepterait ; elle commença de régler avec sa mère les derniers détails d’un thé qu’elle se proposait d’offrir en l’honneur de l’une de ses amies fiancée depuis la Noël.

— Maman, je voudrais des fleurs naturelles. Quel montant m’allouez-vous pour cette dépense ?

Elle regardait sa mère comme si elle eût désiré lire à l’avance dans ses yeux le chiffre qu’elle énoncerait. Et pourtant, elle ne pensait pas du tout à cela, elle voulait constater si les craintes de sa mère étaient dis-