Page:Firdousi - Le Livre de Feridoun et de Minoutchehr.djvu/176

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Puis il ordonna que Karen, avide de combats, s’avançât de la frontière dans le désert. Il déploya la tente royale, il fit flotter l’étendard impérial dans la plaine. Les corps de l’armée s’avancèrent l’un après l’autre, les plaines et les montagnes bouillonnèrent comme la mer. Le jour brillant fut obscurci par la poussière, de sorte que tu aurais dit que le soleil était devenu noir. Un bruit s’élevait de l’armée qui assourdissait les hommes aux oreilles perçantes ; les hennissements des chevaux arabes dans la campagne l’emportaient sur le bruit des tambours. Deux rangs d’éléphants s’étendaient du camp de Pehlewan à une distance de deux milles ; soixante de ces éléphants portaient sur leur dos des trônes d’or incrustés de pierreries de toute espèce, trois cents portaient les bagages, trois cents étaient prêts pour le combat, tous cachés sous leurs armures ; il n’y avait que leurs yeux qui n’étaient pas couverts de fer. On fit avancer les tentes du roi ; l’armée marcha de Temmischeh vers le désert, sous les ordres de Karen le vengeur. Elle se composait de trois cent mille cavaliers, tous hommes de renom, tous armés de cuirasses ; ils partirent avec leurs lourdes massues, pleins de courage, semblables à des lions sauvages et prêts à venger Iredj. Ils suivaient le drapeau de Kaweh, leurs épées bleues dans les mains. Minoutchehr, avec Karen au corps d’éléphant, sortit de la forêt de Narwen, vint longer le front de son