Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/205

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plusieurs. La première opinion eut, dès l’abord, une autorité bien grande dans la science et cette autorité n’a pas diminué. Ce fut aussi pour elle une force considérable que d’avoir eu le poids qu’apporte à toute idée philosophique ou philologique — et il s’agit ici de l’une et de l’autre, — la flatteuse adhésion de M. Renan.

« En un sens, dit-il restrictivement, l’unité de l’humanité est une proposition sacrée et scientifiquement incontestable ; on peut dire qu’il n’y a qu’une langue, qu’une littérature, qu’un système de traditions symboliques, puisque ce sont les mêmes principes qui ont présidé à la formation de toutes les langues, les mêmes sentiments qui partout ont fait vivre les littératures, les mêmes idées qui se sont produites par des symboles divers. Cette unité démontrée aux yeux du psychologue, aux yeux du moraliste et même du naturaliste signifie-t-elle que l’espèce humaine est sortie d’un groupe unique, ou, dans un sens plus large, qu’elle est apparue sur un seul point du globe ? Voilà ce qu’il serait téméraire d’affirmer[1]. »

Encore que conditionnelle, cette adhésion est formelle. François Lenormant reconnaît aussi l’unité de l’espèce humaine à côté de la diversité des langues. « L’existence de plusieurs familles irréductibles de langues, écrit-il, n’emporte nullement, comme on l’a dit, la pluralité originelle des espèces humaines qui ont formé ces familles de langues. »

D’accord avec M. de Quatrefages, pour ne voir dans la langue humaine qu’un caractère secondaire, au point de vue taxonomique, c’est-à-dire un caractère de race, il a essayé d’expliquer la relation existant entre la race et la langue dans les termes suivants : « La faculté de produire des articulations parfaitement nettes et infiniment variées,

  1. Renan, loco citato, p. 200.