Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/295

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popularisé le type de la laideur en grande partie imaginaire que l’on attribue à l’ensemble des asservis[1]. »

La compétence de M. Élisée Reclus est au-dessus de toute contestation ; elle est universellement reconnue parmi tous ceux qui s’occupent d’études géographiques, on a donc tout droit de s’appuyer de son opinion, avec l’assurance d’y trouver le dernier mot de la science contemporaine. Cette opinion est d’ailleurs corroborée par un des voyageurs les plus éclairés qui aient visité l’Afrique, c’est le professeur Hartmann. « Du nord à l’est, dit-il, les Funjés, les Fedas, les Ormas, les Mandingues et les Wolofs servent de trait d’union entre les Nigritiens. Ceux-ci présentent tant de déviations de tribu à tribu qu’il nous faut faire abstraction de l’idée que nous nous sommes faite du nègre aux cheveux crépus, au nez camus, aux lèvres grosses et à la peau noire comme l’aile du corbeau ou la poix. De telles images figureront mieux dans les débits de tabac que dans les cabinets d’anthropologie[2]. »

« On trouve rarement chez les Nigritiens la vraie beauté, mais on n’en remarque pas complètement l’absence », dit plus loin le savant professeur.

Ces assertions renfermées dans les deux plus savants ouvrages qui aient été publiés sur l’Afrique, suffiraient largement pour prouver que la beauté, comme tout le reste, n’est pas le partage exclusif d’une race quelconque. Mais est-ce à l’état sauvage et dans les landes de l’Afrique qu’il faut étudier la race noire, à ce nouveau point de vue ? Je crois qu’il serait beaucoup plus raisonnable de chercher ses comparaisons parmi les noirs vivant dans des milieux plus cléments que les zones torrides du Soudan et de la Guinée, ayant un degré de civilisation supérieure.

  1. Élisée Reclus, Nouvelle géogr. universelle, 54e série, page 28.
  2. Hartmann, Les peuples de l’Afrique, p. 40.