Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/296

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Qu’on se transporte en Haïti où, sous un climat relativement doux, la race africaine, après avoir commencé une lente évolution, par la seule influence du changement de milieu, a enfin reçu l’empreinte de la vie intellectuelle et morale. C’est un fait si commun que d’y rencontrer, parmi les descendants de la race nigritienne, des physionomies gracieuses rappelant « les formes idéales de la période sculpturale classique », pour me servir de l’expression de Hartmann, que l’Haïtien absolument noir, mais d’une grande beauté, n’étonne guère celui qui a vécu dans le pays pendant quelque temps.

J’ai vu bien souvent dans les rues de Port-au-Prince, du Cap ou d’autres villes de la République haïtienne, et même parmi les montagnards, des têtes dont le profil avait toute la régularité du type grec brachycéphale. Je ne parle pas, bien entendu, de cette splendeur esthétique que révèle la statuaire grecque dans les têtes d’une beauté idéale, telles que celle du Jupiter Olympien ou bien celle de la Vénus de Gnide. Phidias et Praxitèle, tout en copiant leurs modèles, y ajoutaient, par une savante combinaison de lignes, un reflet fascinateur que n’offre la nature ni dans Phrynée ni dans Alcibiade.

Aux Cayes, situées au sud de l’île, on rencontre des types noirs vraiment superbes. Cette amélioration rapide des formes corporelles qui se poursuit graduellement avec notre évolution sociale, prouve un fait que bien des savants ont déjà signalé. La beauté d’une race, dans la majeure partie des cas, se développe en raison directe de son degré de civilisation ; elle se développe surtout sous l’influence de conditions climatologiques naturellement favorables ou que l’industrie humaine a conformées aux nécessités de l’existence.

C’est pour n’avoir jamais tenu compte de tous ces facteurs que les anthropologistes ou d’autres savants ont si