Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/308

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ramment être belle, et elle le sera. Ce ne sont pas des exemples qui font défaut.

Je connais à Port-au-Prince une fille de dix-sept ans, noire d’une nuance veloutée et tendre, mais aussi belle qu’on puisse l’être. C’est Mlle Marie S… Modeste et simple, douce et gracieuse, elle est souverainement ravissante ; sa physionomie rayonnante de vie a un charme indéfinissable, un attrait suave et candide qu’une parisienne de son âge serait incapable d’offrir, avec les préoccupations personnelles qui germent si précocement en Europe et cette soif d’originalité qui gâte toute attitude naturelle.

Sans présenter cette perfection de forme vraiment étonnante dans la race éthiopienne, que de jeunes femmes noires ne rencontre-t-on pas douée d’une beauté dont les attraits sont irrésistibles ! Qui porte l’orgueilleux Caucasien à oublier ses préjugés, quand il se trouve en face de ces femmes dont la couleur de la peau fait un tel contraste avec celle de l’Européenne ? C’est la grâce et la vie unies à des traits harmonieux ; c’est cette démarche élégante dont la fille des tropiques donne seule l’idée : un mouvement rythmique impossible à décrire, d’autant plus beau qu’il est involontaire… Et incessu patuit dea !

Je comprends qu’en contemplant souvent ces visages aux regards troublants et dont la beauté de plus en plus perfectionnée sera la plus belle conquête de la race africaine transportée en Haïti, M. Edmond Paul se soit écrié : « Que de beautés noires dans le peuple[1] ! » Notre honorable compatriote n’est pas le seul à avoir cet enthousiasme. Un écrivain français, dont la sympathie est un titre des plus précieux pour la race noire, l’illustre Michelet a eu pour elle de ces paroles d’or qui vont au cœur et

  1. Ed. Paul, Questions politico-économiques.