Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/482

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On ne peut citer qu’un seul essai tenté par un noir d’Haïti dans le genre historique. C’est la Vie de Pétion écrite par Saladin Lamour. Cette biographie est bien loin d’avoir la perfection de style et la savante disposition qu’on trouve dans l’ouvrage de M. Saint-Rémy, homme de couleur dont j’ai déjà fait mention. Le biographe noir n’avait d’ailleurs pas reçu une instruction classique bien étendue ni bien soignée. Recruté, pour le service militaire a l’âge de dix-sept ou dix-huit ans, il n’a été mis à même de cultiver et développer son esprit qu’avec la protection de Pétion qui, ayant remarqué sa vive intelligence, le détacha de l’armée et fit soigner son éducation. Or, en ces temps-là, le pays n’avait que rarement des maîtres d’une capacité supérieure. Mais si l’on ne peut citer l’œuvre de Saladin Lamour comme un modèle remarquable au point de vue du talent, on doit la mentionner comme un bel exemple de la reconnaissance qu’un écrivain spirituel a nommée une « vertu noire ». Il avait aussi parcouru la carrière de la magistrature et fut un homme politique d’une tenue irréprochable.

Il faut ajouter, pour les sciences historiques, le nom de M. Dantès Fortunat, jeune noir écrivant parfaitement bien, mais s’occupant exclusivement des études géographiques. C’est une branche du savoir humain qui réclame la réunion de nombreuses connaissances, acquises tant dans les écoles que dans voyages ; mais quand on a l’âge de M. Fortunat et que l’on se sent une vocation décidée, ce ne sont pas les difficultés qui attirent le moins.

À Port-au-Prince, on rencontre plusieurs noirs docteurs en médecine de la Faculté de Paris. M. Coicou, noir aussi, a étudié dans les écoles supérieures de pharmacie de Paris, d’où il est sorti pharmacien de première classe.

Il faut faire une mention particulière de M. Tacite La-