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CHAPITRE XVI.

La solidarité européenne.
No hay quien desconozca, no, como la idea de raza completa la idea de patria.
(Emilio Castelar).

INFLUENCE DE L’UNION CAUCASIQUE SUR LA THÉORIE DE L’INÉGALITÉ DES RACES.


Il est certain que la civilisation, en se perfectionnant, développe parmi les hommes un sentiment de solidarité chaque jour plus vif. Des peuples, éloignés les uns des autres par des distances considérables, se prennent réciproquement d’une sympathie profonde, agissante, qu’on découvrirait avec peine, naguère, parmi les gens de la même nation mais de province distincte. Ce sentiment n’existe pas lorsque, l’unité morale n’étant pas encore complète, on porte le même drapeau sans être inspiré des mêmes idées, sans vivre des mêmes émotions, plaisir ou souffrance qui se ressentent ensemble dans la société, par ce sens élevé qu’on pourrait nommer le sens patriotique, et qui réunit en un lien ineffable tous les ressorts de l’organisme social. Cet altruisme progressif, qui est une preuve évidente de l’amélioration morale des hommes policés, ne règne pas pourtant sans contre-poids dans les actions individuelles ou collectives de l’humanité. Il y a partout des antinomies. Avec l’idée de patrie se développe aussi de plus en plus, dans l’espèce humaine, un égoïsme supérieur, transcendant, et dont l’effet est de désirer, de rechercher même pour sa communauté politique