Page:Fischer - Études sur Flaubert inédit, 1908.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

recherche principalement les sujets lugubres et tristes. Ce sont la mort, le suicide, la fin de la vie sous des circonstances affreuses et ridiculement grotesques, la détresse, la haine, les crimes, la folie, qu’il traite de préférence. C’est presque toujours un avortement de l’individu, jamais un essor, quelque chose qui monte, qui s’épanouit, qui jouit. Et le fond lugubre de ces sujets est encore renforcé par la mise en scène. Le récit se passe souvent pendant la nuit. Des cimetières, de vieilles halles, des endroits sombres sont le milieu favori. Des lumières solitaires tremblent à travers les fenêtres, des chiens hurlent à côté des maisons désertes, le vent siffle dans les feuilles mortes, et le regard reste suspendu à l’horizon lointain au delà des mers. Rarement le soleil se montre, et s’il apparaît, ce ne sont que de pâles rayons qui se projettent sur des paysages d’hiver. La lune, au contraire, occupe une place importante, elle jette sa lumière lugubre et verdâtre sur de vieux murs, des squelettes, des crânes et des linceuls. Souvent l’artiste a recours au fantastique et au surnaturel. Dans les réflexions de Jules on trouve même tout un long plaidoyer où il réclame le droit de mettre en scène de tels sujets. Déjà le triste-grotesque est très et quelquefois même trop visiblement accentué. L’auteur cherche des effets tragiques et ridicules à la fois.

Dans tous ces ouvrages nous voyons le tâtonnement de l’artiste qui veut s’objectiver dans un sujet. Il a recours à l’histoire, prend une scène saillante et c’est justement une action palpitante d’intérêt qui est le thème de ses premiers essais et à laquelle on ne s’attend pas. Si sa fougue s’épanche dans des réflexions