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COMMENT LE MONDE FINIRA

On savait qu’il avait fondé à l’équateur même, et à trois mille mètres d’altitude, un observatoire dominant la planète entière, d’où l’on voyait à la fois les deux pôles du ciel, et l’on se souvenait que, en témoignage de sa sympathie pour la France, il avait donné à ce temple d’Uranie le nom d’un astronome français qui avait consacré sa vie entière à étudier les autres mondes, à les faire connaître aux consciences éclairées et à établir le rôle souverain de l’astronomie en toute doctrine philosophique ou religieuse. On connaissait depuis longtemps sa renommée universelle, et on l’écouta avec une attention toute spéciale.

« Messieurs, fit-il, à peine monté à la tribune, nous avons entendu, dans ces deux séances, admirablement résumées, les curieuses théories que la science moderne est en droit d’offrir à l’esprit humain sur les diverses manières dont notre monde terrestre pourra finir. L’embrasement de l’atmosphère ou l’asphyxie de nos poumons, causés par la rencontre de la comète qui approche avec rapidité ; ou bien, pour un avenir lointain, la submersion des continents due à leur descente générale au fond des mers ; le dessèchement de la Terre et de l’atmosphère par la diminution graduelle de l’eau ; et enfin le refroidissement de notre malheureuse planète vieillie à l’état de lune caduque et glacée. Voilà, si je ne me trompe, cinq sortes de fins possibles.