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COMMENT LE MONDE FINIRA

avant de rendre le dernier soupir, l’un des spasmes dont nous parlions tout à l’heure, n’ait fondu les glaces endormies, n’ait produit de nouveau des nuages et des courants aériens, n’ait réveillé les sources, les ruisseaux et les rivières, et, après cette période de perfide réveil, ne soit subitement retombé dans la léthargie. Ce serait un jour sans lendemain. »

Une nouvelle voix, partie du centre de l’hémicycle, se fit entendre. C’était celle d’un électricien célèbre.

« Toutes ces causes de mort par le froid, fit-il, sont plausibles ; mais la fin du monde par le feu ? On n’en a parlé qu’à propos de la rencontre cométaire. Elle pourrait arriver autrement.

« Sans parler de l’effondrement possible des continents dans le feu central, amené par un tremblement de terre général ou quelque dislocation formidable des assises de la terre ferme, il me semble qu’une volonté suprême suffirait, sans aucun choc, pour arrêter le mouvement de notre planète dans son cours et transformer ce mouvement en chaleur.

— Une volonté ? interrompit une autre voix. Mais la science positive n’admet pas de miracle dans la nature.

— Ni moi non plus, répéta l’électricien. Quand je dis volonté, je veux dire force idéale et invisible. Je m’explique.

« Le globe terrestre vole dans l’espace avec