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LE CONCILE DU VATICAN

« Quel est le principe de l’identité des corps vivants ? Assurément, il ne consiste pas dans l’identité complète et persistante de la matière de ces corps. En effet, dans ce flux continuel et ce renouvellement incessant qui constituent le jeu de la vie physiologique, les matériaux qui ont appartenu successivement à un même corps humain depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse suffiraient pour former un corps colossal. Dans ce torrent de la vie, les matériaux passent et changent sans cesse ; mais l’organisme reste le même, malgré ses modifications de grandeur, de forme et de constitution intime. La tige naissante du chêne, cachée entre ses deux cotylédons, aura-t-elle cessé d’être le même végétal quand elle sera devenue un chêne majestueux ? L’embryon de la chenille, encore contenu dans l’œuf, aura-t-il cessé d’être le même insecte, quand il sera devenu chenille, puis chrysalide, puis papillon ? L’embryon humain aura-t-il cessé d’être le même individu, quand il sera devenu enfant, homme, vieillard ? Non, certainement. Or, dans le chêne, dans le papillon, dans l’homme, reste-t-il une seule des molécules pondérables de la tige naissante du chêne, de l’embryon de la chenille, de l’embryon humain ? Quel est donc le principe qui persiste à travers tous ces changements ? Ce principe est quelque chose de réel, non d’imaginaire. Ce n’est pas l’âme, car les plantes vivent et n’ont pas d’âme dans le sens que nous devons