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LE CONCILE DU VATICAN

qu’acceptable. Ces corps ressembleront-ils aux nôtres ? S’ils sont parfaits, incorruptibles, appropriés à leur nouvelle condition, ils ne doivent posséder aucun organe dont ils n’auront pas à se servir. Pourquoi une bouche, puisqu’ils ne mangeront plus ? Pourquoi des jambes, puisqu’ils ne marcheront plus ? Pourquoi des bras, puisqu’ils ne travailleront plus ? Pourquoi ?… L’un de nos anciens Pères, Origène, dont on n’a pas oublié l’héroïque sacrifice personnel, a pensé que ces corps devraient être des boules parfaites. Ce serait logique ; mais ce ne serait pas beau, ni sans doute bien intéressant.

« — Il est préférable d’admettre avec saint Grégoire de Nysse et saint Augustin, répliqua l’archevêque de Paris, que les corps ressuscités auront la forme humaine, voile transparent de la beauté de l’âme. »

C’est en ces termes que fut résumée par le cardinal français l’opinion moderne de l’Église sur la résurrection des corps. Quant aux objections présentées sur le lieu de la résurrection, le nombre des ressuscités, l’exiguïté de la surface du globe terrestre, le séjour définitif des élus et des damnés, il fut impossible de s’entendre à cause de contradictions insolubles.

Nous devons cependant signaler l’idée fort originale émise par un prédicateur de l’Oratoire devenu cardinal, que le monde futur destiné à recevoir les ressuscités sera un immense globe