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LA FIN DU MONDE

entièrement dispersée. Il n’était plus possible de rester à Jérusalem. La Terreur de 1793 et la Commune de 1871 n’ont rien été à côté des horreurs de la guerre civile des Juifs. La famille de Jésus dut quitter la ville sainte et s’enfuir. Jacques, le frère de Jésus, avait été tué. De faux prophètes se manifestaient, complétant la prophétie. Le Vésuve préparait son effrayante éruption de l’an 79, et déjà, en l’an 63, Pompéi avait été renversée par un tremblement de terre.

Tous les signes de la fin du monde étaient donc présents, et rien n’y manquait. L’Apocalypse l’annonce, Jésus va descendre sur un trône de nuages ; les martyrs vont ressusciter les premiers. L’ange du jugement n’attend que l’ordre de Dieu.

Mais la tourmente se calme après l’orage, l’horrible guerre des Juifs est terminée, Néron tombe sous la révolution de Galba, Vespasien et Titus apportent la paix après la guerre (an 71), et… la fin du monde n’arrive pas.

Il fallut dès lors interpréter de nouveau la parole des Évangiles. L’avènement de Jésus fut retardé jusqu’à la ruine du vieux monde romain, ce qui laissa un peu de marge aux commentateurs. La catastrophe finale reste certaine, et même assez proche, in novissimo die, mais elle s’entoure de nuages vagues qui font perdre toute précision à la lettre et même à l’esprit des prophéties. On l’attend toujours, néanmoins.

Saint Augustin consacre le XXe livre de sa