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LA CROYANCE À LA FIN DU MONDE

Cité de Dieu (en l’an 426) à peindre le renouvellement du monde, la résurrection, le jugement dernier et la Jérusalem nouvelle ; son XXIe livre est appliqué à la description du feu éternel de l’enfer. L’évêque de Carthage, devant le naufrage de Rome et de l’empire, croit assister au premier acte du drame. Mais le règne de Dieu devait durer mille ans et Satan ne devait arriver qu’après.

Saint Grégoire, évêque de Tours (573), le premier historien des Francs, commence son histoire en ces termes :

« Au moment de retracer les luttes des rois avec les nations ennemies, j’éprouve le désir d’exposer ma croyance. L’effroi produit par l’attente prochaine de la fin du monde me décide à recueillir dans les chroniques le nombre des années déjà passées, afin que l’on sache clairement combien il s’en est écoulé depuis le commencement du monde. »

Le Sauveur était venu délivrer l’humanité. Qu’attendait-il pour la transporter au ciel ?

La tradition chrétienne se perpétuait, d’années en années, de siècles en siècles, malgré les démentis de la nature. Toute catastrophe : tremblement de terre, épidémie, famine, inondation, — tout phénomène : éclipse, comète, orage, nuit subite, tempête, étaient regardés comme des signes avant-coureurs du cataclysme final. Les chrétiens tremblaient, feuilles agitées sous le souffle du vent, dans l’attente perpétuelle du juge-