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LA FIN DU MONDE

à côté de la grande Vérité universelle et éternelle, et elle vaut celle de deux fourmis causant entre elles de l’histoire de France. Mais, malgré la modestie infligée à notre sentiment par l’infinité des choses créées, malgré l’humilité de notre être et son néant devant l’infini, nous ne pouvons pas nous soustraire à la nécessité de nous paraître logiques à nous-mêmes ; nous ne pouvons pas prétendre qu’abdiquer notre raison soit une meilleure garantie de jugement que d’en faire usage. Nous croyons à une constitution intelligente de l’univers, à une destinée des mondes et des êtres ; nous pensons que les globes importants du système solaire doivent durer plus longtemps que les moindres et que, par conséquent, la vie des planètes n’est pas également suspendue aux rayons du Soleil et ne doit pas durer uniformément autant que cet astre. L’observation directe confirme d’ailleurs elle-même cette vue générale de l’univers. La Terre, soleil éteint, s’est refroidie plus vite que le Soleil ; Jupiter, immense, en est encore à son époque primordiale ; la Lune, plus petite que Mars, est plus avancée que lui dans les phases de sa vie astrale (peut-être même arrivée à sa fin) ; Mars, plus petit que la Terre, est plus avancé que nous et moins que la Lune. Notre planète, à son tour, doit précéder Jupiter dans sa destinée finale et précéder également l’extinction du Soleil.

Considérons, en effet, la grandeur comparée de la Terre et des autres planètes : Jupiter est onze