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L’APOGÉE

fois plus large que notre globe en diamètre et le Soleil environ dix fois plus large que Jupiter. Le diamètre de Saturne vaut neuf fois celui de la Terre. Il nous semble naturel de penser que Jupiter et Saturne vivront plus longtemps que notre planète, Vénus, Mars ou Mercure, ces pygmées du ciel !

Les événements confirmèrent ces déductions de la science humaine. Des pièges nous étaient tendus dans l’immensité ; mille accidents pouvaient nous atteindre, comètes, corps célestes obscurs ou enflammés, nébuleuses, etc. ; mais notre planète ne mourut pas d’accident. La vieillesse l’attendit, elle aussi, comme tous les êtres. Et elle vieillit plus vite que le Soleil ; elle perdit ses conditions de vitalité plus vite que l’astre central ne perdit sa chaleur et sa lumière.

Pendant les périodes séculaires de sa splendeur vitale, lorsqu’elle trônait dans le chœur des mondes en portant à sa surface une humanité intellectuelle victorieuse des forces aveugles de la nature, alors une atmosphère vivifiante enveloppait ses empires d’une auréole protectrice, au sein de laquelle se jouaient tous les jeux de la vie et du bonheur. Un élément essentiel de la nature, l’eau, régissait la vie terrestre ; cette substance était entrée dès l’origine dans la composition de tous les corps, végétaux, animaux et humains ; elle formait la partie active de la circulation atmosphérique ; elle constituait l’organe principal