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LA FIN DU MONDE

des climats et des saisons ; elle était la souveraine de l’État terrestre.

De siècle en siècle, la quantité d’eau avait diminué dans les mers, les fleuves et l’atmosphère. Une partie des eaux de pluie avait d’abord été absorbée dans l’intérieur du sol et n’était pas revenue à la mer, parce que, au lieu d’y descendre en glissant sur des couches imperméables et de former soit des sources, soit des cours d’eau souterrains et sous-marins, elle s’était infiltrée profondément et avait insensiblement rempli tous les vides, toutes les fissures, saturant les roches jusqu’à une grande profondeur. Tant que la chaleur intérieure du globe avait été assez élevée pour s’opposer à la descente indéfinie de ces eaux et pour les convertir en vapeur, la quantité était restée considérable à la surface du globe. Mais les siècles vinrent où la chaleur intérieure du globe fut entièrement dispersée dans l’espace et cessa de s’opposer à l’infiltration des eaux dans cette masse poreuse. Elles diminuèrent graduellement de la surface ; elles s’associèrent aux roches sous forme d’hydrates et se fixèrent ; elles disparurent en partie de la circulation atmosphérique.

En effet, que la diminution des eaux des mers soit seulement de quelques dixièmes de millimètre par an, et en dix millions d’années il n’en reste plus.

L’infiltration graduelle des eaux dans l’intérieur du globe, à mesure que la chaleur primitive de ce globe se perdit dans l’espace, la fixation lente des