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L’APOGÉE

oxydes et des hydrates amenèrent, au bout de huit millions d’années environ, une diminution des trois quarts dans la quantité d’eau en circulation à la surface de la Terre. Par suite du nivellement des reliefs continentaux, dû à l’œuvre séculaire des pluies, des neiges, des glaces, des vents, des ruisseaux, des torrents, des rivières, des fleuves, entraînant lentement tous les débris à la mer, en obéissance passive aux lois de la pesanteur, le globe terrestre approchait d’une surface de niveau, et les mers n’avaient presque plus de profondeur. Mais comme, dans l’évaporation et dans la formation de la vapeur d’eau atmosphérique, c’est la surface seule des étendues d’eau qui agit, et non la profondeur, l’atmosphère était encore restée très riche en vapeur aqueuse. Notre planète atteignit alors les conditions d’habitabilité que nous observons actuellement sur le monde de Mars, où nous voyons les grands océans disparus, les mers réduites à d’étroites méditerranées, peu profondes, les continents aplanis, l’évaporation facile, la vapeur d’eau encore en quantité considérable dans l’atmosphère, les pluies rares, les neiges abondantes dans les régions polaires de condensation, et leur fusion presque totale pendant les étés de chaque année, monde encore habitable par des êtres analogues à ceux qui peuplent la Terre.

Cette époque marqua l’apogée de l’humanité terrestre. À partir de là, les conditions de la vie