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LA FIN DU MONDE

s’appauvrirent. De générations en générations, les êtres subirent des transformations profondes. Espèces végétales, espèces animales, race humaine, tout changea encore. Mais, tandis que jusqu’ici les métamorphoses avaient enrichi, embelli, perfectionné les êtres, le jour vint où la décadence commença.

L’intelligence humaine avait si complètement conquis les forces de la nature qu’il semblait que jamais l’apogée si glorieusement atteint ne pourrait finir. La diminution de l’eau, toutefois, commença à donner l’alarme aux plus optimistes. Les grands océans avaient disparu. Les pôles étaient restés gelés. Les continents qui occupaient les latitudes anciennes où Babylone, Ninive, Ecbatane, Thèbes, Memphis, Athènes, Rome, Paris, Londres, New-York, Chicago, Liberty, Pax et tant d’autres foyers de civilisation avaient répandu un si vif éclat, étaient d’immenses déserts sans un fleuve et sans une mer. Insensiblement, l’humanité s’était rapprochée de la zone tropicale encore arrosée par des cours d’eau, des lacs et des mers. Il n’y avait plus de montagnes, plus de condenseurs de neiges. La Terre était presque aplanie, et des méditerranées peu profondes, des lacs et quelques cours d’eau confinèrent la végétation et la vie à la zone étroite des régions équatoriales.