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APRÈS LA FIN DU MONDE

lions et des millions d’années, et alors notre Terre n’existait pas. L’univers antérieur n’était pas moins brillant que le nôtre. Après nous, ce sera comme avant nous : notre époque n’a pas d’importance.

En examinant l’histoire passée de la Terre, nous pourrions remonter d’abord à l’époque primitive où notre planète brillait dans l’espace, véritable soleil ; nous la verrions ensuite à l’époque où, semblable à Jupiter et à Saturne, elle a été enveloppée d’une atmosphère dense et chargée de vapeurs chaudes, et nous pourrions la suivre en ses transformations jusqu’à la période humaine. Nous venons de voir aussi que, lorsque sa chaleur fut entièrement dissipée, lorsque ses eaux furent absorbées, lorsque la vapeur d’eau de son atmosphère eut disparu et que cette atmosphère fut plus ou moins absorbée elle-même par la planète, notre globe dut offrir l’image de ces grands déserts lunaires révélés par le télescope, avec les différences individuelles de la nature terrestre régie par ses propres éléments, avec ses dernières configurations géographiques, ses derniers rivages et ses derniers cours d’eau desséchés. Cadavre planétaire ! Terre morte et glacée, elle emporte toutefois dans son sein une énergie non perdue, celle de son mouvement de translation autour du Soleil, laquelle énergie, transformée en chaleur par l’arrêt de ce mouvement, suffirait pour fondre le globe entier, en réduire une partie en vapeur et recommencer pour notre planète une nouvelle